Affairat 7 rue de m Horizons hospice llc. Bereshit bara elohim hebraico. Speed dating modesto. Gagged, gaped and sperm swallow. Girl in black grease masturbates. Cc debugger alternative. Dating game funniest moments. Wolfee juicy wet pussy squirts. Affair at 7 rue de m Sylvain blassel gay. Alinsex. Spicer 60 identification plussouvent des comĂ©dies de mƓurs ou de caractĂšres en cinq actes. Ayant ainsi trouvĂ© sa formule (montrer les mĂ©saventures conjugales, sociales, financiĂšres, d'un bourgeois enrichi Ă  la bĂȘtise crasse), Labiche multiplie les crĂ©ations ; l'Affaire de la rue de Lourcine (1857), le Voyage de Monsieur Perrichon (1860), la Poudre aux yeux (1861), la Cagnotte (1864), CĂ©limare le bien Parcoureznotre sĂ©lection de affaire de rue : vous y trouverez les meilleures piĂšces uniques ou personnalisĂ©es de nos boutiques. . Par Michel MonteilPubliĂ© le 02/09/2013 Ă  0h00Mis Ă  jour le 02/09/2013 Ă  9h08 Au nom de la ville d’intĂ©rĂȘt touristique », les commerces de la cĂ©lĂšbre rue piĂ©tonne peuvent ouvrir le dimanche. Place aux touristes et Ă  une clientĂšle dĂ©tendue ». Le panneau blanc barrĂ© d’un ouvert » en rouge est en bonne place sur le pavĂ© de la rue Sainte-Catherine. En face, sur une autre vitrine, un Ă©criteau confirme l’ouverture de votre magasin » de vĂȘtements tous les dimanches de l’annĂ©e ». Depuis trois ans, grĂące Ă  une dĂ©rogation , certaines boutiques de la grande artĂšre piĂ©tonne de Bordeaux - principalement entre le cours Victor-Hugo et le cours de l’Intendance - ouvrent rĂ©guliĂšrement leurs portes aux promeneurs, touristes et clients dominicaux. MĂȘme si l’affluence n’atteint pas celle d’un samedi, le public suit. À partir de 11 heures, mais surtout au-delĂ  de 15 heures, on vient en couple ou en famille. Beaucoup de cyclistes se faufilent entre les piĂ©tons. C’est plus calme, on a plus de temps qu’un samedi », explique une consommatrice. Les gens sont moins stressĂ©s, prennent le temps de discuter », constate LĂ©a, Ă©tudiante Ă  l’Inseec, embauchĂ©e par les chaussures AndrĂ© il y a trois ans, au dĂ©but de l’ouverture dominicale. Des habituĂ©s au calmeLes conseillers de la Fnac font le mĂȘme constat. L’enseigne culturelle a dĂ©cidĂ© d’ouvrir le dimanche il y a tout juste un an. Nous avons une clientĂšle plus familiale, dit Philippe Dailly, directeur. Le dimanche matin est le moment des habituĂ©s et notre chiffre d’affaires sur les produits techniques augmente . L’aprĂšs-midi est plutĂŽt portĂ© par les livres, les disques
 » Le magasin rĂ©alise en moyenne entre 5 et 6 % de son activitĂ© les dimanches. La liquidation de Virgin MĂ©gastore, prĂ©curseur du commerce du septiĂšme jour, devrait conforter cette tendance. La frĂ©quentation dominicale est toutefois variable. Les deux week-ends prochains, avec la rentrĂ©e des classes, seront des temps forts. L’affluence reviendra Ă  partir de novembre et jusqu’aux fĂȘtes. Mais tout le monde s’accorde sur un fait l’étĂ© est une bonne pĂ©riode pour les affaires. Juillet et aoĂ»t 2013 l’ont confirmĂ©. L’ouverture du dimanche est alĂ©atoire l’hiver mais cet Ă©tĂ© c’était trĂšs bien », se fĂ©licite Alexis, responsable de la brasserie du CafĂ© de la Poste, place Saint-Projet. L’établissement ouvre chaque dimanche depuis un des paquebotsLa fin des travaux du tramway au centre-ville, le classement au patrimoine de l’Unesco et l’afflux de touristes sont le plus souvent mis en avant pour expliquer ce regain consumĂ©riste dominical. Certains dimanches, je parle surtout anglais ! », sourit LĂ©a. D’autres magasins font un lien entre la hausse de leur chiffre d’affaires du dimanche et la prĂ©sence d’un paquebot sur les dehors des lieux de restauration de McDonald’s Ă  la Mie cĂąline, entre 10 et 20 magasins ouvrent presque tous les dimanches Fnac, AndrĂ©, Eram, Celio, Mango depuis son installation Ă  la place du Grand quartier, H & M, Go sport, Decat’, Zara, Promod il y a de commerces ouverts, plus la frĂ©quentation est Ă©levĂ©e . Selon un des commerçants, les dimanches les plus fastes sont ceux oĂč les Galeries Lafayette se joignent au Ă  ceux qui ont fait le choix de rester le rideau baissĂ©, ils ne nĂ©gligent pas les promeneurs du dimanche la majoritĂ© des vitrines sont illuminĂ©es et affichent les promos du moment. À saisir en semaine. Ce que dit la loi La lĂ©gislation notamment la loi du 10 aoĂ»t 2009 prĂ©voit que l’ouverture le dimanche d’un commerce employant des salariĂ©s n’est autorisĂ©e que s’il existe des dĂ©rogations. Ces derniĂšres concernent en permanence les cafĂ©s, bars, restaurants, Ă©piceries, fleuristes, stations-service, magasins de meubles, les musĂ©es
 Les autres commerces, situĂ©s dans une station thermale ou une zone reconnue touristique d’affluence exceptionnelle ou d’animation culturelle permanente », peuvent aussi ouvrir le dimanche et accorder le repos hebdomadaire par roulement aux salariĂ©s. La France compte prĂšs de 600 communes d’intĂ©rĂȘt touristique ou thermales », dont 17 en Gironde. Parmi elles figure Bordeaux. Les DĂ©codeurs Alors que les avocats du chef de file des dĂ©putĂ©s LREM demandent le dĂ©paysement de l’instruction, retour sur les grandes lignes du dossier. Une SCI, un assistant parlementaire, une compagne, une ex-femme
 Les rĂ©vĂ©lations autour de Richard Ferrand, briĂšvement ministre de la cohĂ©sion des territoires avant de quitter le gouvernement pour prendre la tĂȘte du groupe LRM Ă  l’AssemblĂ©e nationale, comportent de multiples volets. Elles concernent notamment son rĂŽle autour des Mutuelles de Bretagne, un organisme Ă  but non lucratif qui regroupe 70 mutuelles du FinistĂšre pour permettre l’accĂšs et le remboursement des soins Ă  ses sociĂ©taires. Le parquet de Brest a annoncĂ© le 13 octobre le classement de l’enquĂȘte sur les Mutuelles de Bretagne, invoquant notamment la prescription de l’action publique. Mais l’association Anticor a dĂ©posĂ© une nouvelle plainte en novembre, qui a conduit Ă  l’ouverture d’une information judiciaire le 12 janvier pour prise illĂ©gale d’intĂ©rĂȘts » au pĂŽle financier de Paris par le juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke. Mercredi 21 mars, la dĂ©fense de Richard Ferrand a annoncĂ© rĂ©clamer le dĂ©paysement de cette instruction dans une autre juridiction. Retour sur les principaux Ă©lĂ©ments de cette affaire toujours en cours. 1. Qui est qui ? Richard Ferrand. DĂ©putĂ© socialiste du FinistĂšre, il a Ă©tĂ© le premier parlementaire Ă  rejoindre le mouvement d’Emmanuel Macron en 2016. Il a Ă©tĂ© directeur gĂ©nĂ©ral des Mutuelles de Bretagne de 1998 Ă  2012, avant d’y conserver un poste de chargĂ© de mission de 2012 Ă  2017. Conseiller gĂ©nĂ©ral du FinistĂšre de 1998 Ă  2011 avec la vice-prĂ©sidence de 2004 Ă  2011, il est conseiller rĂ©gional de Bretagne depuis 2010. Sandrine Doucen. Avocate, compagne de Richard Ferrand. Françoise Coustal. Ex-femme de Richard Ferrand, elle est artiste plasticienne. Emile Ferrand. Fils de Richard Ferrand, il a Ă©tĂ© embauchĂ© par son pĂšre en tant qu’assistant parlementaire entre janvier et avril 2014. Il Ă©tait alors ĂągĂ© de 23 ans. JoĂ«lle SalaĂŒn. Proche collaboratrice de Richard Ferrand, elle lui a succĂ©dĂ© en 2012 Ă  la direction des Mutuelles de Bretagne. HervĂ© Clabon. Compagnon de JoĂ«lle SalaĂŒn, il a Ă©tĂ© embauchĂ© par Richard Ferrand en tant qu’assistant parlementaire. 2. Une sociĂ©tĂ© sur-mesure pour une opĂ©ration immobiliĂšre rentable C’est Le Canard enchaĂźnĂ© qui a rĂ©vĂ©lĂ© l’information en premier, le 24 mai alors que les Mutuelles de Bretagne cherchaient un endroit pour relocaliser l’un de leurs centres de soin dans le centre de Brest, Richard Ferrand a organisĂ© l’achat de locaux rue George-Sand par sa compagne Sandrine Doucen, pour qu’elle les loue aux Mutuelles dans la foulĂ©e. Mme Doucen Ă©tant absente et l’affaire se faisant pressante, Richard Ferrand a signĂ© en son nom propre le compromis de vente des locaux, avec comme condition qu’une sociĂ©tĂ© civile immobiliĂšre SCI se substitue Ă  lui avant la vente. Avant mĂȘme de crĂ©er la SCI, Sandrine Doucen a soumis son offre au conseil d’administration des Mutuelles de Bretagne, qui l’ont choisie dĂ©but 2011 parmi les trois propositions sur la table. Dans la foulĂ©e, elle a créé la SCI Saca et a finalisĂ© avec elle l’achat des locaux, qu’elle a commencĂ© Ă  louer aux Mutuelles. Les Mutuelles assurent avoir fait leur choix sans l’intervention de Richard Ferrand qui Ă©tait alors directeur gĂ©nĂ©ral et jurent que l’offre de Sandrine Doucen Ă©tait la mieux-disante. Or, si la proposition de Mme Doucen Ă©tait effectivement la moins chĂšre, cela ne tenait pas compte du coĂ»t important des travaux que les Mutuelles ont dĂ» prendre Ă  leur charge par la suite 184 000 euros. La SCI Saca appartient aujourd’hui Ă  Sandrine Doucen 99 % des parts et Ă  la fille qu’elle a eue avec Richard Ferrand 1 %. Les loyers de ces locaux brestois ont permis Ă  la SCI d’acquĂ©rir en 2013 un appartement de 353 000 euros Ă  Paris. A la suite de ces rĂ©vĂ©lations, le parquet national financier PNF a prĂ©cisĂ© que ces faits n’entraient pas dans son champ de compĂ©tence ». AprĂšs avoir dit qu’il n’ouvrirait pas d’enquĂȘte prĂ©liminaire, le parquet de Brest a annoncĂ© jeudi qu’il revenait sur sa dĂ©cision pour Ă©tudier la situation aprĂšs analyse des Ă©lĂ©ments complĂ©mentaires 
 rĂ©vĂ©lĂ©s par diffĂ©rents organes de presse ». Lire Article rĂ©servĂ© Ă  nos abonnĂ©s A Brest, l’opĂ©ration immobiliĂšre en or de la compagne de Richard Ferrand 3. Des contrats pour les proches de M. Ferrand Outre la SCI propriĂ©taire de locaux louĂ©s aux Mutuelles de Bretagne, Le Monde a rĂ©vĂ©lĂ© que la compagne de Richard Ferrand, Sandrine Doucen, a bĂ©nĂ©ficiĂ© de plusieurs contrats pour des consultations juridiques rĂ©guliĂšres. Elle a Ă©galement Ă©tĂ© embauchĂ©e pendant plusieurs mois en 2000, avant de passer le concours d’avocat. De son cĂŽtĂ©, l’ancienne Ă©pouse de Richard Ferrand, l’artiste plasticienne Françoise Coustal, a obtenu plusieurs marchĂ©s d’amĂ©nagement de locaux gĂ©rĂ©s par le rĂ©seau mutualiste – alors dirigĂ© par son ex-mari – Ă  partir de 2002. Parmi ceux-ci figure un Ă©tablissement d’hĂ©bergement pour personnes ĂągĂ©es dĂ©pendantes Ehpad Ă  Guilers FinistĂšre, qui a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une subvention de 1,66 million d’euros de la part du conseil gĂ©nĂ©ral du dĂ©partement, dont M. Ferrand Ă©tait le vice-prĂ©sident. Gilbert Montfort, alors responsable de ces subventions, a dĂ©clarĂ© au Monde n’avoir jamais eu vent de la prĂ©sence de Mme Coustal dans le projet mais a assurĂ© que M. Ferrand n’avait pas participĂ© Ă  la dĂ©cision budgĂ©taire sur l’Ehpad. Lire l’éditorial Richard Ferrand, la lĂ©galitĂ© et le soupçon 4. Des assistants parlementaires non dĂ©clarĂ©s Quand il a Ă©tĂ© Ă©lu dĂ©putĂ©, en 2012, Richard Ferrand a embauchĂ© HervĂ© Clabon comme assistant parlementaire. Militant PS, chauffeur de taxi dans le FinistĂšre, il est Ă©galement le compagnon de JoĂ«lle SalaĂŒn, qui est devenue la directrice gĂ©nĂ©rale des Mutuelles de Bretagne lorsque M. Ferrand a commencĂ© Ă  siĂ©ger Ă  l’AssemblĂ©e. Depuis janvier 2014 et la crĂ©ation de la Haute AutoritĂ© pour la transparence de la vie publique HATVP aprĂšs l’affaire Cahuzac, les dĂ©putĂ©s doivent dĂ©clarer le nom de leurs collaborateurs. Or, dans sa dĂ©claration d’intĂ©rĂȘts datĂ©e du 25 janvier 2014, M. Clabon n’apparaĂźt pas. Richard Ferrand assure que ce dernier a Ă©tĂ© contraint de quitter son poste quelques jours avant pour raisons de santĂ©. Pourtant, des articles de presse postĂ©rieurs Ă  cette date mentionnent M. Clabon comme assistant parlementaire, tout comme les newsletters du dĂ©putĂ© Ferrand envoyĂ©es jusqu’en 2017. Cette dĂ©claration ne mentionne pas non plus le fils de Richard Ferrand, Emile, qui a travaillĂ© en tant qu’assistant parlementaire de janvier Ă  mai 2014 et aurait dĂ» ĂȘtre dĂ©clarĂ© Ă  la HATVP Ă  ce moment-lĂ . Lire A travers sa dĂ©fense, Richard Ferrand confirme toutes les informations du Monde » 5. Conflit d’intĂ©rĂȘts sur la loi sur les mutuelles ? A son arrivĂ©e Ă  l’AssemblĂ©e nationale, Richard Ferrand a dĂ©missionnĂ© de sa fonction de directeur gĂ©nĂ©ral des Mutuelles de Bretagne, mais a conservĂ© un poste de chargĂ© de mission », rĂ©munĂ©rĂ© 1 250 euros par mois. La premiĂšre loi que M. Ferrand a dĂ©fendue – dĂ©posant la proposition avec sept autres dĂ©putĂ©s socialistes – concerne
 les mutuelles, en leur permettant de mettre en place des rĂ©seaux de soins fermĂ©s », plus avantageux pour leurs adhĂ©rents – et incitant les clients potentiels Ă  rejoindre les mutuelles et leurs rĂ©seaux. Le dĂ©putĂ© assure avoir toujours tenu Ă  conserver une activitĂ© professionnelle quels qu’aient Ă©tĂ© [ses] mandats » et se dĂ©fend de tout mĂ©lange des genres. La HATVP dĂ©crit pourtant un conflit d’intĂ©rĂȘts comme toute situation d’interfĂ©rence entre un intĂ©rĂȘt public et des intĂ©rĂȘts publics ou privĂ©s qui est de nature Ă  influencer ou Ă  paraĂźtre influencer l’exercice indĂ©pendant, impartial et objectif d’une fonction ». Vendredi 13 octobre, le procureur de Brest a annoncĂ© qu’il classait sans suite les plaintes dĂ©posĂ©es contre Richard Ferrand. Les infractions d’abus de confiance et d’escroquerie ne sont pas constituĂ©es, faute d’un prĂ©judice avĂ©rĂ© », a prĂ©cisĂ© le parquet. Mise Ă  jour le 21 mars 2018 actualisation pour mentionner les derniers Ă©lĂ©ments de procĂ©dure. Alexandre Pouchard L`Affaire de la rue de Lourcine â€ș Théùtre de l’OdĂ©on 22 fĂ©v. â€ș 31 mars. 07 L’Affaire de la rue de Lourcine d’EUGÈNE LABICHE avec en lever de rideau Vingt-Six» de GEORGES COURTELINE © Pascal Victor mise en scĂšne JÉRÔME DESCHAMPS et MACHA MAKEÏEFF â€ș Afin de prĂ©parer vos Ă©lĂšves au spectacle, nous vous conseillons vivement de vous procurer dans la collection Parcours de Lecture, L’Affaire de la rue de Lourcine, EugĂšne Labiche, par Sylvie Chalaye aux Ă©ditions Bertrand-Lacoste, dont vous trouverez des extraits dans ce dossier pĂ©dagogique. Par ailleurs, nous vous informons de la sortie dans l’édition Folio plus de L’Affaire de la rue de Lourcine vers la mi-mars. DĂšs sa parution, cette nouvelle Ă©dition sera en vente Ă  la librairie du Théùtre de l’OdĂ©on. â€ș Service des relations avec le public scolaires et universitaires, associations d’étudiants rĂ©servation 01 44 85 40 33 – [email protected] actions pĂ©dagogiques 01 44 85 40 39 – [email protected] dossier Ă©galement disponible sur â€ș Tarifs 30€ - 22€ - 12€ - sĂ©ries 1, 2, 3, 4 tarif scolaire 13€ - sĂ©ries 2, 3 â€ș Horaires du mardi au samedi Ă  20h, le dimanche Ă  15h relĂąche le lundi â€ș OdĂ©on-Théùtre de l’Europe Théùtre de l’OdĂ©on Place de l’OdĂ©on Paris 6e MĂ©tro OdĂ©on - RER Luxembourg L’Affaire de la rue de Lourcine mise en scĂšne dĂ©cors et costumes lumiĂšre scĂ©nographie musiques JĂ© rĂŽme De sc ham ps et Mach a MakeĂŻ eff Macha M ak eĂŻe f f Dom in iq ue Bru gu iĂšre et Robe rto Ve ntu ri CĂ©cile De gos Oscar Str aus, Andr Ă© Campra , Pa scal Le Penne c, JĂ© rĂŽme De sch am ps , P hi lip pe RouĂš che arrangements accessoires Pa scal L e Pe nne c Sylvi e C ha ti llon avec en alternance LenglumĂ© Mistingue Norine Justin Potard Madame Potard Un Grouillot / piano et trompette AccordĂ©on Luc-Antoine DiquĂ©ro Arno Feffer, Dominique Parent Lorella Cravotta, Marie-Christine Orry Pascal Ternisien Jean-Claude Bolle-Reddat Nicole Monestier Philippe Leygnac Pascal Le Pennec avec en lever de rideau Vingt-Six de musique accordĂ©on avec, en alternance Georges Courteline Philippe RouĂšche Pascal Le Pennec JĂ©rĂŽme Deschamps , Arno Feffer, D ominiqu e Parent et Jean-Claude Bolle-Reddat Production Deschamps & MakeĂŻeff, Théùtre de NĂźmes et Grand Théùtre du Luxembourg Spectacle créé le 17 janvier 06 Ă  NĂźmes L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 2 OĂč est mon pantalon ?... Tiens ! je suis dedans !» Une bouffonnerie fĂ©roce et charmante [
], l’assassinat en belle humeur, quelque chose comme une tragĂ©die jouĂ©e par des marionnettes et oĂč les victimes reviendraient en ombres chinoises. [
] Quelle scĂ©lĂ©ratesse spirituelle et fine ! Comme [le hĂ©ros] prend vite son parti du meurtre commis et du meurtre Ă  faire ! Il n’y a pas de degrĂ©s pour lui dans le crime. Il y descend quatre Ă  quatre, gaiement, tranquillement, les mains dans les poches. C’est le philosophe de l’assassinat», notait Paul de Saint-Victor dans La Presse le 29 mars 1857. L’Affaire de la rue de Lourcine fut en effet saluĂ© dĂšs sa crĂ©ation comme l’un des chefs-d’Ɠuvre de Labiche. C’est qu’il s’agit de l’une des plus belles de ces absurdes enquĂȘtes dont l’auteur d’Un chapeau de paille d’Italie a le secret. Qu’on en juge Monsieur LenglumĂ©, homme rangé», tient absolument Ă  prendre part au banquet annuel des anciens Ă©lĂšves de l’institution Labadens, dont il fut l’un des Ă©lĂšves les plus
 mĂ©diocres ». Madame s’y est opposĂ©e. Qu’importe simulant une migraine, LenglumĂ© est allĂ© se coucher, puis a filĂ© Ă  l’anglaise pour rejoindre le restaurant. Seulement voilĂ  – au lendemain de sa soirĂ©e entre garçons, lorsqu’il surgit enfin des brumes de l’alcool, LenglumĂ© ne sait plus trop ce qu’il a pu faire la veille, au point que les dĂ©tails les plus triviaux prennent un relief Ă©trange son rĂ©veil est Ă  lui seul tout un programme OĂč est mon pantalon ?... Tiens ! je suis dedans !... VoilĂ  qui est particulier !...». Les recherches qu’il entame alors vont le conduire Ă  dĂ©couvrir une face de lui-mĂȘme qu’il ne soupçonnait pas, l’envers obscur de sa quiĂ©tude bourgeoise, dangereux, inexplorĂ© – et en fin de compte inexistant. Mais l’enquĂȘte fera quand mĂȘme une victime
 Comme on le voit, sous ses airs de pochade fantaisiste en 21 scĂšnes, la piĂšce offre l’un des premiers exemples d’un canevas reposant sur les consĂ©quences d’un Ă©pisode amnĂ©sique et sur la quĂȘte de soi Ă  laquelle un personnage se voit contraint le cinĂ©ma a donnĂ© tout rĂ©cemment de nombreux exemples de ce type d’intrigue. Mais la frĂ©nĂ©sie introspective de Monsieur LenglumĂ© oĂč donc, au fait, Labiche allait-il chercher des noms comme celui-lĂ , qui suggĂšre la combinaison grotesque et un peu poisseuse d’un enrhumĂ©, d’un emplumĂ© et d’un engluĂ© ? n’est pas seulement le prĂ©texte Ă  un feu d’artifice vaudevillesque. Elle donne aussi Ă  Labiche l’occasion d’exercer son sens aigu du portrait satirique, aux dĂ©pens d’un bourgeois qui en vient Ă  se reconnaĂźtre – et Ă  s’accepter – dans la peau d’un tueur, avant de s’envisager rĂ©cidiviste
 Une comĂ©die hilarante qui est aussi un hommage volontairement naĂŻf et presque enfantin Ă  l’énormitĂ© comique, mise en scĂšne avec tendresse par MakeĂŻeff et Deschamps lequel, en complĂ©ment de programme, interprĂšte lui-mĂȘme, en alternance, la victime d’un autre trou de mĂ©moire, dans un lever de rideau insensĂ© signĂ© Georges Courteline. L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 3 Le flou, la poussiĂšre et l’éclat» Ce que j’aime chez ces gens-lĂ , c’est qu’on sait oĂč ils habitent ! Ici, une alcĂŽve et un petit salon, la piĂšce Ă  vivre de Monsieur, passementerie, pompons, embrasses et autres Ă©dredons. Et le lit. Tout converge vers cette embarcation redoutable. On met pied Ă  terre, et on ne sait plus. BĂ©ance et amnĂ©sie. Le XIXe siĂšcle est tout plein de poussiĂšres et dans l’appartement des LenglumĂ©, les portes battent. On se protĂšge de l’extĂ©rieur, du Boulevard, on se replie dans les Ă©toffes et les tapis brodĂ©s, dans l’usure des velours, les ouvrages de dames qui recouvrent les meubles. Tout est onctueux, encombrĂ© ; on bute parfois dans les repose-pieds. Sur les murs, la nature retenue, transfigurĂ©e en motifs Ă©panouis. Volutes, frises et feuilles de marronniers roussies. Par amour d’on ne sait trop quoi, Madame veille au confinĂ© de sa vie bourgeoise, Ă  l’étouffement subtil de son mari qui ne manque pas d’aller prendre l’air du cĂŽtĂ© de l’OdĂ©on. La boĂźte est close. On voudrait y ĂȘtre bien Ă  son aise avec toutes sortes de commoditĂ©s. On y sĂ©journerait avec satisfaction. Sans la folie qui traverse soudain. L’alcĂŽve se voit comme le choeur de l’institution bourgeoise avec trois marches sacrĂ©es devant une rambarde qui la clĂŽt. Il fallait dire le tangage des personnages, l’esprit chavirĂ©, les diffĂ©rents vertiges Ă©thyliques, les Ă©tourdissements et l’ivresse. Le flou de la mĂ©moire et celui que prennent deux existences troublĂ©es. J’ai regardĂ© Vuillard et Vallotton oĂč les couleurs semblent trembler d’inquiĂ©tude et de jouissance. J’aime ce flou sur la rĂ©alitĂ© toute proche, sur l’instant, l’ordinaire arrĂȘtĂ©. Les peintres s’amusent de l’ennui des autres et font tout danser avec du jaune, et du vert, les motifs des papiers, les tapis et les robes. Ils sont dans nos tĂȘtes folles. Alors, dans les salons, l’attente ennuyĂ©e de vies comme inutiles prend de l’éclat. Entre papiers peints et Ă©toffes, la vie danse. Macha MakeĂŻeff L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 4 â€ș RĂ©sumĂ© L'Affaire de la rue de Lourcine, comĂ©die en un acte mĂȘlĂ©e de couplets, fut créée au Théùtre du Palais-Royal le 26 mars 1857. LenglumĂ© se rĂ©veille avec un violent mal de tĂȘte et la bouche pĂąteuse. Il s'est rendu la veille, Ă  l'insu de sa femme, au banquet des anciens Ă©lĂšves de l'institution Labadens. Il ne se souvient plus de ce qu'il a fait aprĂšs la salade»... Soudain, il dĂ©couvre dans son propre lit un inconnu, qui se trouve ĂȘtre son ancien camarade de classe, Mistingue, Ă©galement convive du banquet. Il l'invite alors Ă  dĂ©jeuner en le priant de ne pas dire Ă  son Ă©pouse oĂč ils se sont rencontrĂ©s... Les deux hommes s'aperçoivent alors qu'ils ont les mains noires et du charbon dans leurs poches. D'oĂč diable cela peut-il provenir ?La lecture du journal les renseigne trĂšs vite on y lit le rĂ©cit d'un crime horrible, l'assassinat d'une marchande de charbon. Tous les dĂ©tails concordent. Mistingue et LenglumĂ© ont, dans leur ivresse. commis cet abominable forfait. Ils s'empressent donc de supprimer les piĂšces Ă  conviction. Ils Ă©liminent Ă©galement le cousin Potard qui, sous prĂ©texte d'emprunter de l'argent Ă  LenglumĂ©, prĂ©tend le faire chanter. Justin, le domestique, subit le mĂȘme sort. Ils finissent par envisager de s'assassiner mutuellement lorsqu'ils dĂ©couvrent pour finir que le journal qu'ils ont consultĂ© date de vingt ans. Quant aux tĂ©moins qu'ils s'imaginent avoir supprimĂ©s, ils se portent aussi bien que Mistingue. qui en sait trop long, reste dangereux aussi LenglumĂ©, profitant de ce qu'il s'est rendormi, s'en dĂ©barasse-t-il en le faisant porter comme un colis Ă  la gare au bureau des marchandises. L'ordre rĂšgne Ă  nouveau chez les LenglumĂ©. La piĂšce obtint un vif succĂšs elle fut reprĂ©sentĂ©e sans interruption jusqu'au 30 avril 1857 et reprise frĂ©quemment par la suite. Le rĂŽle de LenglumĂ© Ă©tait remarquablement interprĂ©tĂ© par le cĂ©lĂšbre Arnal qui avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© une vedette du Vaudeville, du Gymnase et des VariĂ©tĂ©s. Il venait d'ĂȘtre engagĂ© au Palais-Royal et l'on se demandait si, dans cette salle consacrĂ©e Ă  un comique trĂšs chargĂ©. il ne perdrait pas ses moyens. Cette crainte Ă©tait vaine. La critique fut aussi favorable que le public Ă  L'Affaire de la rue de Lourcine. Ainsi Paul de Saint-Victor dans La Presse du 29 mars estime que la piĂšce est une bouffonnerie fĂ©roce et charmante ... l'assassinat en belle humeur, quelque chose comme une tragĂ©die jouĂ©e par des marionnettes et oĂč les victimes reviendraient en ombres chinoises ... Arnal, ajoute Saint-Victor, fait de LenglumĂ© une de ses meilleures arnalades. Quelle scĂ©lĂ©ratesse spirituelle et fine ! Comme il prend vite son parti du meurtre commis et du meurtre Ă  faire ! Il n'y a pas de degrĂ©s pour lui dans le crime. Il y descend quatre Ă  quatre, gaiement, tranquillement, les mains dans les poches. C'est le philosophe de l'assassinat.» D’aprĂšs Henri Gidel Labiche Théùtre, tome II [Bordas, 1991] L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 5 â€ș À propos du vaudeville 1 - DĂ©finition et origine du vaudeville Selon la tradition, le vaudeville a pris naissance dans la premiĂšre moitiĂ© du XVe siĂšcle, dans la vallĂ©e de Vire, en Normandie, d'oĂč son nom de vau-de-vire. Un groupe de poĂštes-chanteurs regroupĂ©s autour d'un foulon, Olivier Basselin, compose des chansons satiriques et comiques. Au cours des XVe et XVIe siĂšcles, le genre se dĂ©veloppe et il dĂ©signe alors toute chanson populaire de circonstance. Le mot Ă©volue de vau-de-vire en vaudeville, par corruption sans doute, peut-ĂȘtre par contamination avec d'autres recueils de couplets satiriques, d'origine urbaine cette fois, dĂ©signĂ©s sous le nom de La Voix des villes. Dans la premiĂšre moitiĂ© du XVIIe siĂšcle, le vaudeville devient une chanson populaire, adaptĂ©e aux circonstances politiques et sociales ; le peuple de Paris surtout en est friand, affectionnant ces textes faciles qu'il reprend en choeur sur des musiques dĂ©jĂ  connues, donc plus faciles Ă  mĂ©moriser. Dans les foires, les danseurs de corde, les bateleurs et les charlatans de tout poil, qui vendent leurs pommades et autres orviĂ©tans, pimentent leurs boniments de couplets en vaudevilles. Des maĂźtres du genre se distinguent, tels Philippot, dit Le Savoyard», Étienne, ex-cocher de magistrat, qui composent des textes faciles, inspirĂ©s de l'actualitĂ© politique, des faits divers, des scandales. On ne se prĂ©occupe guĂšre de musique, celle-ci Ă©tant le plus souvent non Ă©crite, transmise par tradition orale, le seul souci Ă©tant le texte, nourri de paroles burlesques et amusantes, que le bon peuple entonne avec enthousiasme. Les Ă©vĂ©nements de la Fronde inspirent les compositeurs de vaudevilles et les mazarinades resteront des modĂšles du genre. A la fin du XVe siĂšcle, le vaudeville a gagnĂ© quelques lettres de noblesse des Ă©crivains aussi reconnus que François Maynard, Vincent Voiture, Valentin Conrart. le comte de LiniĂšre ou Pierre-Emmanuel de Coulanges lui prĂȘtent leur art, secondĂ©s par des semi-lettrĂ©s comme Antoine Billaut, dĂ©jĂ  citĂ©. La forme se fixe le vaudeville est le plus souvent composĂ© de couplets de 4, 6 ou 8 vers, de cinq ou six strophes entrecoupĂ©es d'un refrain, lequel est garni d'onomatopĂ©es faciles Ă  retenir, comme dondaine dondon, turc lure flon flon, d'oĂč le mot de flonflon qui dĂ©signera au XIXĂš siĂšcle un refrain de vaudeville dramatique ou d'opĂ©rette. Les airs Ă©tant connus du public, il est toujours inutile de transcrire les notes, l'expression la plus souvent usitĂ©e pour introduire ces morceaux sans cesse renouvelĂ©s Ă©tant Sur l'air de». Boileau, dans son Art poĂ©tique, n'hĂ©site pas Ă  classer le vaudeville au nombre des genres satiriques, voyant en lui le produit de l'esprit français, gai, fantaisiste, dĂ©bridĂ©. Quelques annĂ©es plus tard, Voltaire, dans Le SiĂšcle de Louis XIV, rappelle au chapitre iv l'existence de ces vaudevilles que le peuple chantait Ă  l'adresse d'Anne d'Autriche et de Mazarin. et Jean-Jacques Rousseau, au Livre X des Confessions, parle de cette collection trĂšs complĂšte de tous les vaudevilles de la Cour et de Paris», et il ajoute VoilĂ  des mĂ©moires pour l'histoire de France dont on ne s'aviserait guĂšre chez toute autre nation.» Tandis qu'il envahit les tavernes et qu'il s'impose sur les trĂ©teaux de foire, le vaudeville se voit intĂ©grĂ© aux ... / ... L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 6 â€ș À propos du vaudeville structures dramatiques. La chanson apparaĂźt au théùtre dĂšs 1640, avec ComĂ©die en chansons, de TimothĂ©e de Chillac et Charles Beys. Quelques annĂ©es plus tard, MoliĂšre l'utilise Ă©galement en l'introduisant dans Le Mariage forcĂ© 1664, Le Sicilien 1667 et George Dandin 1668. Il faut le distinguer alors de la comĂ©die de divertissement, tel Le Bourgeois gentilhomme, dans laquelle les chants et les danses sont ajoutĂ©s Ă  la fin de la piĂšce, distincts de son dĂ©veloppement dramatique, tandis que le vaudeville, insĂ©rĂ© au beau milieu des scĂšnes parlĂ©es, s'intĂšgre Ă  l'action dont il reprĂ©sente un Ă©lĂ©ment important. Le Théùtre Italien, qui occupe Ă  partir de 1680 l'HĂŽtel de Bourgogne, va faire de l'utilisation de ces vaudevilles-couplets insĂ©rĂ©s dans les comĂ©dies reprĂ©sentĂ©es une rĂšgle indispensable. [...] Mais la persĂ©vĂ©rance et l'ingĂ©niositĂ© finissent toujours par payer ! L'OpĂ©ra et la ComĂ©die-Française s'adoucissent et les acteurs de foires obtiennent l'autorisation de jouer et de chanter. Progressivement, on mĂȘle prose et couplets la piĂšce mixte s'impose. [...] MalgrĂ© le nombre impressionnant de crĂ©ations et malgrĂ© les efforts d'imagination des auteurs pour trouver les titres les plus dĂ©sopilants, la veine morale qui entraĂźne le vaudeville ne se tarit pas et provoque dans la critique Ă©clairĂ©e du temps un sentiment de franche hostilitĂ©. Le vaudeville est jugĂ© Ă  la fois trop moralisateur et excessivement vulgaire. Michel Lepeintre, dans son PrĂ©cis historique et littĂ©raire, Ă©crit en 1823 Le vaudeville n'a jamais Ă©tĂ© plus triomphant que maintenant. Il est vrai qu'il a un peu changĂ© de nature et qu'il est bien moins gai, bien moins grossier, bien moins libre qu'il ne l'Ă©tait jadis.». Étienne Jouy se plaint aussi de l'invasion de la morale C'est, je crois, dĂ©naturer le genre que de le transformer, comme on l'a fait quelquefois, en esquisse de comĂ©die larmoyante ou de pastorale drumatique». Mais c'est surtout ThĂ©ophile Gautier qui, dans son Histoire de l'art dramatique, se fera l'adversaire le plus acharnĂ© du vaudeville. Le vaudeville, nĂ© malin, mourra stupide», pro-clame-t-il, ajoutant Qu'une haute question morale, politique ou littĂ©raire surgisse tout Ă  coup, et voilĂ  le vaudeville qui accourt luisant grand bruit, non de grelots mais de noix vides.». L'attaque en rĂšgle contre le vaudeville est un de ses chevaux de bataille et il y revient sans cesse; Alfred de Vigny, esthĂšte austĂšre, juge dĂ©plorable la vulgaritĂ© qui imprĂšgne ces comĂ©dies faciles Tout Français, ou Ă  peu prĂšs, naĂźt vaudevilliste, et ne conçoit pas plus haut que le vaudeville! Écrire pour un tel public, quelle dĂ©rision ! quelle pitiĂ© quel mĂ©tier !». Augier signale de son cĂŽtĂ© que, d'un théùtre Ă  l'autre, le vaudeville Ă©volue sur les degrĂ©s du mĂ©diocre au pire quoi qu'en ait dit Boileau» [...] D’aprĂšs Henri Rossi Le diable dans le vaudeville au dix-neuviĂšme siĂšcle. Editions Lettres modernes Minard, 2003 L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 7 â€ș À propos du vaudeville 2 - Petit vocabulaire du vaudeville ApartĂ© n. m. rĂ©plique qui n'est pas censĂ©e ĂȘtre entendue sur scĂšne, mais que le personnage Ă©nonce distinctement pour mettre le spectateur dans la confidence de ses pensĂ©es, ou le prendre Ă  tĂ©moin et solliciter son adhĂ©sion. Quiproquo n. m. pĂ©ripĂ©tie qui repose sur la mĂ©prise et consiste Ă  prendre quelqu'un pour un autre, ou par extension Ă  faire erreur sur le sujet d'un propos. PataquĂšs n. m. astuce qui consiste Ă  substituer, au cours de la conversation, un mot Ă  un autre, ou Ă  faire une fausse liaison, pour rattraper la situation, ou tenter de changer de sujet. Coq-Ă -l'Ăąne n. m. rebondissement du dialogue qui relĂšve d'un changement brutal de sujet. Imbroglio n. m. intrigue particuliĂšrement embrouillĂ©e. PĂ©ripĂ©tie n. f. Ă©vĂ©nement imprĂ©vu qui change le cours de l'action dramatique. Rebondissement n. m. sorte de pĂ©ripĂ©tie, Ă©vĂšnement nouveau qui survient pour relancer l'action dramatique en empĂȘchant le dĂ©nouement prĂ©vu de se rĂ©aliser. Coup de théùtre n. m. retournement radical et brutal de la situation. ChassĂ©-croisĂ© n. m. mouvement de scĂšne comique qui joue sur une circulation des personnages ils entrent, sortent, se cherchent, se cachent, s'Ă©vitent au point de former un ballet burlesque. Cabotinage n. m. jeu outrĂ© d'un comĂ©dien qui recherche les rĂ©actions d'approbation du public et non la nuance de son rĂŽle D'aprĂšs Sylvie Chalaye L'Affaire de la rue de Lourcine», collection Parcours de lecture», Ă©ditions BertrandLacoste, 1994 L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 8 â€ș Conventions et normes de fabrication 1 - La construction des piĂšces selon Labiche RĂ©ponse que Labiche adressa Ă  Abraham Dreyfus 1 qui lui avait demandĂ© comment il faisait ses piĂšces. Chacun fait selon son inspiration et son tempĂ©rament. Les uns chantent la note gaie, les autres Ă©prouvent plus de plaisir Ă  faire pleurer. Quant Ă  moi, voici comment je procĂšde Quand je n'ai pas d'idĂ©e, je me ronge les ongles et j'invoque la Providence. Quand j'ai une idĂ©e, j'invoque encore la Providence, mais avec moins de ferveur, parce que je crois pouvoir me passer d'elle. C'est trĂšs humain, mais trĂšs ingrat. J'ai donc une idĂ©e, ou je pense en avoir une. Je prends une main de papier blanc, du papier de fil - je ne trouve rien sur un autre - et j'Ă©cris sur la premiĂšre page PLAN J'entends par plan la succession dĂ©veloppĂ©e, scĂšne par scĂšne, de toute la piĂšce, depuis son commencement jusqu'Ă  sa fin. Tant qu'on n'a pas la fin de sa piĂšce, on n'en a ni le commencement ni le milieu. Ce travail est Ă©videmment le plus laborieux, c'est la crĂ©ation, l'accouchement. Une fois mon plan fini, je le reprends et je demande Ă  chaque scĂšne Ă  quoi elle sert, si elle prĂ©pare ou dĂ©veloppe un caractĂšre, une situation, enfin si elle fait marcher l'action. Une piĂšce est une bĂȘte Ă  mille pattes qui doit toujours ĂȘtre en route. Si elle se ralentit, le public bĂąille ; si elle s'arrĂȘte, il siffle. Pour faire une piĂšce gaie, il faut avoir un bon estomac. La gaietĂ© est dans l'estomac. Extrait de Revue d'histoire du théùtre» janvier-mars 1959-1. Editions Michel Brient 1 Abraham Dreyfus 1847-1926 collabora Ă  maints journaux dont le Gil Blas et Le Temps et donna de nombreuses piĂšces. Le Kleplzte, comĂ©die en un acte, créée Ă  l'OdĂ©on en 1881, parvint Ă  la ComĂ©die-Française qui monta aussi les deux actes de Les Amis 1898. Mais une simple saynĂšte, Un crĂąne sous une tempĂȘte, fut plus jouĂ©e que la plupart de ces piĂšces plus importantes. A citer aussi le volume ScĂšnes de la vie de Théùtre 1879. L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 9 â€ș Conventions et normes de fabrication 2 - Le théùtre Ă  l’italienne [...] Le vaudeville se joue au XIXe siĂšcle dans des théùtres dits Ă  l’italienne». Le rapport scĂšne / salle y est conçu selon le principe du quatriĂšme mur. Tout se passe comme si la scĂšne Ă©tait une boĂźte magique dont l’un des pans Ă©tait invisible pour le plus grand plaisir du spectateur qui joue impunĂ©ment les voyeurs. Aussi, dans le vaudeville, son regard est-il pris en compte par le comĂ©dien qui recherche sa connivence et le fait son complice Ă  travers le jeu des apartĂ©s et des monologues. L’ironie comique est Ă  son comble dans ce type de théùtre. Le spectateur est amenĂ© Ă  participer Ă  l’intrigue et Ă  s’impliquer sans prendre de recul. II se projette ainsi complĂštement sans aucune distance dans la reprĂ©sentation et son esprit critique, son esprit d’analyse est complĂštement disqualifiĂ©. Théùtre du Palais-Royal, Théùtre des VariĂ©tĂ©s, Théùtre du Vaudeville, OpĂ©ra-Comique... tous ces théùtres du XIXe siĂšcle, oĂč la haute sociĂ©tĂ© parisienne vient en grande pompe chaque soir autant se divertir que se donner en spectacle sont conçus selon le principe de la scĂšne Ă  l’italienne. L’aire de jeu est radicalement sĂ©parĂ©e de la salle par une rampe et un encadrement qui donne l’impression que la scĂšne est une boĂźte magique dont un pan est ouvert. De plus le rapport visuel qui s’instaure entre le public et la scĂšne est d’ordre frontal, il permet de jouer sur des illusions de perspective pour la constitution des dĂ©cors en carton-pĂąte et des toiles de fond en trompe-l’oeil. Ce type de scĂšne suppose Ă©galement des coulisses et une machinerie pour faire apparaĂźtre ou disparaĂźtre des Ă©lĂ©ments de dĂ©cor ou des personnages par les cintres en haut ou les trappes en bas. Dans la salle, on retrouve les clivages de la sociĂ©tĂ©. La classe moyenne occupe le parterre, c’est-Ă -dire les places face Ă  la scĂšne, en bas du théùtre. Le petit peuple en revanche est relĂ©guĂ© dans les galeries les plus Ă©levĂ©es oĂč la visibilitĂ© est la moins bonne et que l’on appelle le paradis ou encore le poulailler. Au premier ou deuxiĂšme balcon, la haute bourgeoisie occupe des loges latĂ©rales d’oĂč les spectateurs observent autant la scĂšne que la salle. De petites loges grillagĂ©es, les baignoires, Ă  droite et Ă  gauche de la scĂšne, sont aussi rĂ©servĂ©es aux spectateurs incognito qui veulent voir sans ĂȘtre vus. D’aprĂšs Sylvie Chalaye L’Affaire de la rue de Lourcine», collection Parcours de lecture» Ă©ditions Bertrand-Lacoste, 1994 L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 10 â€ș Conventions et normes de fabrication 3 - La double Ă©nonciation Le texte dramatique a un statut particulier, car il s’inscrit dans un systĂšme de communication complexe. Toute parole prononcĂ©e sur scĂšne a un double destinataire elle s’adresse d’abord au[x] personnages] interlocuteur[s], mais elle doit aussi ĂȘtre entendue par le public. Certaines situations de parole, qui privilĂ©gient le public comme destinataire du message, relĂšvent de la convention théùtrale. Qu’il s’agisse de l’apartĂ© ou du monologue, ces situations d’énonciation n’ont rien de rĂ©aliste, puisqu’elles mettent Ă  jour la conscience des personnages. En fait, ce sont des procĂ©dĂ©s destinĂ©s Ă  Ă©tablir une connivence avec le spectateur, Ă  le tenir plus informĂ© que les personnages eux-mĂȘmes et Ă  lui faire partager leur trouble. La double Ă©nonciation participe du plaisir du spectateur qui peut apprĂ©cier l’ironie, tragique ou comique suivant le registre, de certaines situations dans les-quelles se dĂ©battent les personnages parce qu’ils n’ont pas toutes les donnĂ©es en main, alors que le spectateur, lui, sait tout. D’aprĂšs Sylvie Chalaye L’Affaire de la rue de Lourcine», collection Parcours de lecture» Ă©ditions Bertrand-Lacoste, 1994 L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 11 â€ș Conventions et normes de fabrication 4 - Objets et piĂšces dĂ©tachĂ©es Les objets prolifĂšrent dans cette comĂ©die et envahissent autant la scĂšne que le discours des personnages. Ils apparaissent, ils disparaissent, et sont essentiels Ă  ce principe de la prestidigitation qui anime le vaudeville. C’est autour d’eux que s’enclenchent les mouvements de scĂšnes loin d’ĂȘtre de simples accessoires, ils participent de l’intrigue, font avancer et rebondir l’histoire et reprĂ©sentent mĂȘme parfois l’enjeu de l’action, comme le fameux parapluie Ă  tĂȘte de singe dont la disparition mobilise tous les personnages. Les Ă©lĂ©ments d’un dĂ©cor bourgeois Cette prolifĂ©ration des objets renvoie au matĂ©rialisme du monde bourgeois dans lequel s’inscrit l’histoire. Ils contribuent parfaitement Ă  installer l’image d’un intĂ©rieur cossu et confortable, oĂč l’on se laisse aller Ă  tous les plaisirs du luxe[...] TabatiĂšre, mouchoir, montre, parapluie et journal reprĂ©sentent quasiment la panoplie du parfait rentier au XIXe siĂšcle. Par leur fonction mimĂ©tique, ces accessoires dĂ©finissent clairement le milieu social dans lequel Ă©voluent les personnages. Ce sont des objets qui appartiennent Ă  cet art de la poudre aux yeux que cultive la bourgeoisie, tels des signes de reconnaissance. Ils contribuent Ă  asseoir son homme, Ă  lui donner une certaine prestance, Ă  ritualiser son comportement. Ces objets ne sont que les piĂšces dĂ©tachĂ©es d’un dĂ©cor bourgeois du Second Empire, avec tout ce qu’il comporte d’artifice et de jeux sur les apparences. Le journal Objet de la supercherie, le journal apparaĂźt comme le ressort de l’action. C’est la substitution de Justin qui dĂ©clenche toute l’affaire. Aussi ce petit bout de papier tient-il un rĂŽle primordial dans la piĂšce il a une fonction diĂ©gĂ©tique, puisqu’il reprĂ©sente l’élĂ©ment perturbateur, le grain de sable qui fait dĂ©railler la machine et empĂȘche LenglumĂ© de reprendre, aprĂšs son escapade nocturne, le cours normal de son existence d’homme rangé». Ce journal pĂ©rimĂ© est la clĂ© de l’énigme, il noue l’action en enclenchant la panique et la frĂ©nĂ©sie de dissimulation, mais il la dĂ©noue Ă©galement en rĂ©apparaissant au moment crucial il apporte alors la rĂ©vĂ©lation, le fin mot du mystĂšre qui rĂ©tablira l’ordre dans la vie du petit rentier. Le parapluie et le mouchoir L’intrigue de la piĂšce repose sur une pseudo-affaire criminelle, aussi comme dans toute affaire de ce genre, les objets oubliĂ©s sur les lieux du crime peuvent trahir son auteur et mettre la justice sur une piste. Or, la premiĂšre piĂšce Ă  conviction qui jette le doute dans l’esprit de LenglumĂ© est le fameux parapluie Ă  tĂȘte de singe. Ce parapluie occupe une place envahissante dans la piĂšce. on finit par voir en lui un vĂ©ritable personnage. Sans jamais apparaĂźtre matĂ©riellement sur scĂšne, il est constamment prĂ©sent dans le dialogue. Les uns veulent le retrouver, les autres le voir disparaĂźtre. [...] ... / ... L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 12 â€ș Conventions et normes de fabrication [...] Ce parapluie finit par prendre vie, et sa tĂȘte de singe, renvoie en fait Ă  la moquerie mĂȘme qu’il reprĂ©sente, c’est un parapluie qui fait un sacrĂ© pied de nez Ă  ces bourgeois endimanchĂ©s qui s’apprĂȘtent pour un baptĂȘme. Quant au mouchoir, l’autre indice rĂ©vĂ©lĂ© par l’article du journal, et qui porte apparemment les initiales de Mistingue, il permet de confirmer aux yeux du spectateur qu’il s’agit d’une coĂŻncidence puisque le mouchoir de Mistingue est en rĂ©alitĂ© en la possession de Justin qui est enrhumĂ©. Les apparitions spontanĂ©es tour de cheveux, charbon, noyaux, bonnet et soulier... Mistingue et LenglumĂ© traĂźnent derriĂšre eux ce qu’ils croient ĂȘtre les traces compromettantes de leur crime. Le charbon qui leur noircit les mains devient le sang qui baigne les mains criminelles des meurtriers. Mais nous sommes dans un registre comique et les deux bourgeois ne sont que des fantoches. Ensuite, aprĂšs le tour de cheveux blond, l’apparition spontanĂ©e du bonnet et du soulier de femme introduit une dimension grivoise dans le crime ces objets apparaissent comme les dĂ©tonateurs du cauchemar, les embrayeurs d’une histoire sordide que s’inventent Mistingue et LenglumĂ©. Qu’ont-ils fait subir Ă  leur victime ? Un objet peut en cacher un autre Un vĂ©ritable jeu de force s’instaure entre les objets, car ce sont d’autres objets qui vont contribuer Ă  la disparition des piĂšces Ă  conviction le lavabo contre le charbon, la tabatiĂšre contre le bonnet, le rĂ©chaud contre le soulier... et bien sĂ»r l’argent en dernier recours. Dans ce monde matĂ©riel tout se passe en dĂ©finitive sur le mode de la danse des objets. Les personnages ne sont pas maĂźtres d’eux-mĂȘmes, ils sont agis par les objets qui leur dictent leurs comportements. VoilĂ  la pire des aliĂ©nations. En fait, la bourgeoisie apparaĂźt chez Labiche comme une sociĂ©tĂ© sclĂ©rosĂ©e par le rĂšgne des objets, ce sont eux finale-ment qui volent la vedette. C’est la substitution d’un journal Ă  un autre qui provoque le drame, puis ce sont des objets qui convainquent Mistingue et LenglumĂ© de leur culpabilitĂ©. Les objets s’engouffrent dans le vide de leur lacune comme emportĂ©s dans le trou noir de leur mauvaise conscience. C’est pourquoi dans l’ordre de la rĂ©ification qui rĂ©git ce monde, Mistingue finit par devenir lui-mĂȘme un vulgaire paquet que Justin est chargĂ© d’expĂ©dier en Autriche [...] Les objets de la scĂšne Sur scĂšne les objets n’ont pas la mĂȘme valeur que dans la vie, car ils se chargent d’une signification qui dĂ©passe leur fonction propre. C’est pourquoi l’objet appartient au discours théùtral et doit ĂȘtre envisagĂ© comme un signe qui cumule diffĂ©rentes fonctions. ... / ... L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 13 â€ș Conventions et normes de fabrication La fonction mimĂ©tique il s’agit d’une fonction qui fait de l’objet un Ă©lĂ©ment du dĂ©cor, un Ă©lĂ©ment qui contribue Ă  la reconstitution d’un espace donnĂ©. GrĂące au jeu des comĂ©diens et Ă  la force de l’imaginaire des spectateurs, quelques objets peuvent Ă  eux seuls convoquer tout un dĂ©cor par un processus mĂ©tonymique ; un simple trĂŽne, par exemple, suggĂ©rera l’espace d’un palais. La fonction diĂ©gĂ©tique certains objets peuvent ĂȘtre partie prenante de l’action dramatique, c’est-Ă -dire faire avancer ou rebondir l’intrigue, la nouer ou la dĂ©nouer. C’est la cassette d’Harpagon dans L’Avare MoliĂšre, le billet que Rosine laisse tomber du balcon dans Le Barbier de SĂ©ville Beaumarchais, ou le fameux Ă©ventail qui bouleverse tout un village et donne son nom Ă  la piĂšce de Goldoni. La fonction symbolique l’objet théùtral peut avoir une portĂ©e symbolique, et renvoyer Ă  une rĂ©alitĂ© abstraite ou concrĂšte. Une pomme par exemple pourra apparaĂźtre sur scĂšne comme le symbole du pĂ©chĂ© et de la transgression. La fonction ludique les objets peuvent servir le jeu des comĂ©diens et ĂȘtre le prĂ©texte d’un mouvement de scĂšne comique ou d’un gag. Le jeu du comĂ©dien va d’ailleurs parfois jusqu’au dĂ©tournement de l’objet un casque deviendra tour Ă  tour sur scĂšne un seau pour traire la vache, un saladier, un pot de chambre, un crachoir... et le comĂ©dien suggĂ©rera avec ce mĂȘme objet une Ă©table, une cuisine, une chambre Ă  coucher, un salon. D’aprĂšs Sylvie Chalaye L’Affaire de la rue de Lourcine», collection Parcours de lecture» Ă©ditions Bertrand-Lacoste, 1994 L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 14 â€ș Les mĂ©canismes du rire 1 - Le rire par Bergson Voyons maintenant, d’aprĂšs ce qui prĂ©cĂšde, comment on devra s’y prendre pour crĂ©er une disposition de caractĂšre idĂ©alement comique, comique en elle-mĂȘme, comique dans ses origines, comique dans toutes ses manifestations. Il la faudra profonde, pour fournir Ă  la comĂ©die un aliment durable, superficielle cependant, pour rester dans le ton de la comĂ©die, invisible Ă  celui qui la possĂšde puisque le comique est inconscient, visible au reste du monde pour qu’elle provoque un rire universel, pleine d’indulgence pour elle-mĂȘme afin qu’elle s’étale sans scrupule, gĂȘnante pour les autres afin qu’ils la rĂ©priment sans pitiĂ©, corrigible immĂ©diatement, pour qu’il n’ait pas Ă©tĂ© inutile d’en rire, sĂ»re de renaĂźtre sous de nouveaux aspects, pour que le rire trouve Ă  travailler toujours, insĂ©parable de la vie sociale quoique insupportable Ă  la sociĂ©tĂ©, capable enfin, pour prendre la plus grande variĂ©tĂ© de formes imaginable, de s’additionner Ă  tous les vices et mĂȘme Ă  quelques vertus. VoilĂ  bien des Ă©lĂ©ments Ă  fondre ensemble. Le chimiste de l’ñme auquel on aurait confiĂ© cette prĂ©paration dĂ©licate serait un peu dĂ©sappointĂ©, il est vrai, quand viendrait le moment de vider sa cornue. Il trouverait qu’il s’est donnĂ© beaucoup de mal pour recomposer un mĂ©lange qu’on se procure tout fait et sans frais, aussi rĂ©pandu dans l’humanitĂ© que l’air dans la nature. Ce mĂ©lange est la vanitĂ©. Bergson, Le Rire, III,2 En rĂ©sumĂ©, nous avons vu qu’un caractĂšre peut ĂȘtre bon ou mauvais, peu importe s’il est insociable, il pourra devenir comique. Nous voyons maintenant que la gravitĂ© du cas n’importe pas davantage grave ou lĂ©ger, il pourra nous faire rire si l’on s’arrange pour que nous n’en soyons pas Ă©mus. InsociabilitĂ© du personnage, insensibilitĂ© du spectateur, voilĂ , en somme, les deux conditions essentielles. Il y en a une troisiĂšme, impliquĂ©e dans les deux autres [...]. C’est l’automatisme. [...]. Il n’y a d’essentiellement risible que ce qui est automatiquement accompli. Dans un dĂ©faut, dans une qualitĂ© mĂȘme, le comique est ce par oĂč le personnage se livre Ă  son insu, le geste involontaire, le mot inconscient. Toute distraction est comique. Et plus profonde est la distraction, plus haute est la comĂ©die. Bergson, Le Rire, III,1 Qu’il y ait interfĂ©rence de sĂ©ries, inversion ou rĂ©pĂ©tition, nous voyons que l’objet est toujours le mĂȘme obtenir ce que nous avons appelĂ© une mĂ©canisation de la vie. On prendra un systĂšme d’actions et de relations, et on le rĂ©pĂ©tera tel quel, ou on le retournera sens dessus dessous, ou on le transportera en bloc dans un autre systĂšme avec lequel il coĂŻncide en partie, - toutes opĂ©rations qui consistent Ă  traiter la vie comme un mĂ©canisme Ă  rĂ©pĂ©tition, avec effets rĂ©versibles et piĂšces interchangeables. La vie rĂ©elle est un vaudeville dans l’exacte mesure oĂč elle ... / ... L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 15 â€ș Les mĂ©canismes du rire produit naturellement des effets du mĂȘme genre, et par consĂ©quent dans l’exacte mesure oĂč elle s’oublie ellemĂȘme, car si elle faisait sans cesse attention, elle serait continuitĂ© variĂ©e, progrĂšs irrĂ©versible, unitĂ© indivisĂ©e. Et c’est pourquoi le comique des Ă©vĂ©nements peut se dĂ©finir une distraction des choses, de mĂȘme que le comique d’un caractĂšre individuel tient toujours [...] Ă  une certaine distraction fondamentale de la personne. Mais cette distraction des Ă©vĂ©nements est exceptionnelle. Les effets en sont lĂ©gers. Et elle est en tout cas incorrigible, de sorte qu’il ne sert Ă  rien d’en rire. C’est pourquoi l’idĂ©e ne serait pas venue de l’exagĂ©rer, de l’ériger en systĂšme, de crĂ©er un art pour elle, si le rire n’était un plaisir et si l’humanitĂ© ne saisissait au vol la moindre occasion de le faire naĂźtre. Ainsi s’explique le vaudeville qui est Ă  la vie rĂ©elle ce que le pantin articulĂ© est Ă  l’homme qui marche, une exagĂ©ration trĂšs artificielle d’une certaine raideur naturelle des choses. Le fil qui le relie Ă  la vie rĂ©elle est bien fragile. Ce n’est guĂšre qu’un jeu, subordonnĂ©, comme tous les jeux, Ă  une convention d’abord acceptĂ©e. Bergson, Le Rire, II,1 L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 16 â€ș Les mĂ©canismes du rire 2 - Les ressorts du comique Le comique de situation II appartient Ă  l’intrigue et est provoquĂ© par l’incongruitĂ© de la situation dans laquelle se retrouvent les personnages. La rĂ©ussite de cet effet comique dĂ©pend Ă©troitement de la connivence avec le spectateur. C’est pourquoi le procĂ©dĂ© de l’apartĂ© est souvent mis en oeuvre dans ce type de comique. L’amant, cachĂ© dans l’armoire ou sous le lit pour Ă©chapper au mari revenu inopinĂ©ment, est une situation comique traditionnelle du vaudeville. Le comique de caractĂšre II relĂšve de l’obsession d’un personnage sa poltronnerie Sosie dans Amphitryon de MoliĂšre, son avarice Harpagon dans L’Avare de MoliĂšre, sa mĂ©galomanie le matamore ou le capitan de la Commedia dell’arte, sa goinfrerie Ubu de Jarry... Le comique de geste Il s’attache au jeu des comĂ©diens et est provoquĂ© par le comportement physique qu’ils adoptent grimaces, mimiques, cabrioles, acrobaties... Cet effet comique dĂ©pend donc Ă©troite-ment du tempĂ©rament des comĂ©diens et de la mise en scĂšne Ă©laborĂ©e. Le comique de langage II se situe au niveau de l’échange verbal et repose sur de bons mots », c’est-Ă -dire sur un dialogue enlevĂ© qui recherche les pointes humoristiques. Le comique de rĂ©pĂ©tition Il rĂ©sulte de la reproduction mĂ©canique d’un mĂȘme schĂ©ma, que ce soit au niveau de l’intrigue, du dialogue, ou de la gestuelle. II contribue au burlesque et se retrouve tout particuliĂšrement dans le cinĂ©ma muet. Le comique de caricature Il repose sur des pro-cĂ©dĂ©s d’imitation et d’exagĂ©ration, et contribue en gĂ©nĂ©ral Ă  la parodie ou Ă  la satire. Le comique de l’absurde Il naĂźt d’une absence de sens, d’une incohĂ©rence gestuelle ou verbale. Quiproquo, coq-Ă -l’ñne et pataquĂšs contribuent souvent Ă  ce type de comique. D’aprĂšs Sylvie Chalaye L’Affaire de la rue de Lourcine», collection Parcours de lecture» Ă©ditions Bertrand-Lacoste, 1994 L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 17 â€ș Le genre Labiche Il y a un paradoxe du cas Labiche. L’histoire de la littĂ©rature et les jugements d’esthĂ©tique littĂ©raire ne lui font aucune place, ou lui concĂšdent un strapontin. Il est pourtant - et de loin - l’auteur comique français du XIXe siĂšcle le plus jouĂ©, et reconnu par les gens de théùtre pour son art du dialogue et ses mots irrĂ©sistibles. C’est sans doute parce que son oeuvre est difficile Ă  classer, qu’elle est ce qu’on pourrait appeler un mixte». S’il y a d’un cĂŽtĂ© la tradition de la comĂ©die bourgeoise, d’essence rĂ©aliste Labiche y aspire peut-ĂȘtre mais elle ne lui appartient pas, et de l’autre la tradition de la bouffonnerie gratuite, dite au milieu du XIXe siĂšcle vaudeville mais aussi avec Offenbach opĂ©rette la diffĂ©rence entre les deux Ă©tant plus du cĂŽtĂ© de la musique que de la piĂšce», Labiche ne relĂšve d’aucune des deux. Il s’est créé une troisiĂšme voie, voie qui mĂȘle Ă  travers ces deux formules qu’il utilise Ă  des degrĂ©s divers les intentions d’un moraliste et l’usage du grossissement, et surtout qui fait de ce dernier la manifestation scĂ©niquement concrĂšte des premiĂšres. La dĂ©formation comique dite bouffonne», ou surrĂ©aliste» plus tard, ou absurde» encore... est chez lui systĂ©matiquement non-naturaliste, théùtralisation d’un point de vue de moraliste sur le siĂšcle et sur l’humanitĂ©. Cette voie s’inscrit dans une tradition, celle de la farce. Moraliste, Labiche ? Oui, et, mis Ă  part un tout petit nombre de piĂšces de circonstance ou de commande exĂ©cutĂ©es rapidement revues, folies, etc., assez constamment, si l’on veut bien lire l’ensemble de son oeuvre sans l’idĂ©e a priori qu’un comique du grossissement ne peut pas ĂȘtre porteur d’un regard critique. [...] L’autre aspect du moraliste le plus intĂ©ressant, le plus constant vient du regard qu’il porte sur le monde contemporain, et qui vaut d’abord par sa variĂ©tĂ©. En effet il ne peint pas seulement le bourgeois, mĂȘme si celui-ci est la cible privilĂ©giĂ©e de son rire. Il s’essaie Ă  lui opposer le monde aristocratique l’aristocratie de fraĂźche date des plaisirs du Second Empire..., il distingue les grands bourgeois trĂšs riches des gens simplement aisĂ©s et des petits-bourgeois, sans oublier la race des domestiques, des employĂ©s, des militaires, avec une prĂ©cision dans les dĂ©tails de moeurs qui permet d’identifier des types de comportement sociaux. Mais c’est la nature de ce regard qui est caractĂ©ristique de la complexitĂ© du genre Labiche».. Tous les personnages [...] sont saisis dans la mĂ©diocritĂ© de leurs calculs, avec une fĂ©rocitĂ© tranquille. Saisis dans un comportement typique, relativement abstraits de toute implication individuelle, sans Ă©volution, sans travail sur soi, dans une fable au dĂ©nouement plaquĂ© si souvent bĂąclĂ© qu’il faut bien en conclure que le dĂ©nouement lui est indiffĂ©rent, ils sont en dehors de toute condamnation explicite, comme des cas de figure sans histoire. Ils sont comme ils sont, et cela le fait rire. Les juge-t-il ? Il peut avoir de l’indulgence, je ne suis pas sĂ»r qu’on puisse dire qu’il a de la sympathie pour eux. ... / ... L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 18 â€ș Le genre Labiche On trouve lĂ  l’origine d’un dĂ©bat autour de Labiche qui traduit bien cette radicale ambiguĂŻtĂ© est-il un amuseur, estil le dĂ©nonciateur de la sociĂ©tĂ© de son temps, a-t-on le droit de le lire et de le mettre en scĂšne comme auteur noir comme on le fait volontiers depuis l’ouvrage de Soupault, est-il suffisant de le renvoyer au simple comique» si cette expression a un sens ? Peut-on ĂȘtre tranquille et fĂ©roce Ă  la fois ? Labiche est Ă  mes yeux assez constamment les deux. Il est en tout cas difficile de soutenir qu’il n’est pas conscient de la dimension critique de son oeuvre Ă  l’égard des personnages et de la sociĂ©tĂ© qu’il met en scĂšne. Moraliste, Labiche obĂ©it Ă  la tendance constante de mettre les personnages au service d’une morale». De ce fait les mĂ©canismes de l’intrigue obĂ©issent plus Ă  une volontĂ© extĂ©rieure la sienne qu’à une logique interne des personnages. Aucun souci chez lui d’une exactitude des temps de la fiction on expĂ©die un repas en quelques minutes, on voyage aussi vite qu’on mange, seul compte le rythme des Ă©vĂ©nements. L’espace n’a pas plus d’épaisseur en tant qu’il est nommĂ© et dĂ©signĂ© par un dĂ©cor souvent passe-partout il renvoie au monde social de rĂ©fĂ©rence ; pour le reste il est simple support aux mouvements des personnages, il est fait essentiellement de portes par oĂč ils entrent et sortent selon que l’auteur a besoin qu’ils soient prĂ©sents ou absents. L’invraisemblance des pĂ©ripĂ©ties ne vaut que par la qualitĂ© de l’invention la fantaisie, l’inattendu, le cocasse, l’accumulation des catastrophes. Mais toujours le but est clair mettre les personnages dans une situation de panique telle qu’ils soient obligĂ©s de se rĂ©vĂ©ler, dans l’instant d’une rĂ©plique Ă©norme et cependant parfaitement Ă©clairante sur leur comportement secret le plus profond. Ainsi ce qui est dĂ©faut apparent pour un esprit rassis est parfaitement cohĂ©rent avec la double intention morale et comique. Reste, au centre du dispositif, le personnage, manipulĂ© et pourtant prééminent. C’est la façon de l’animer qui est la marque la plus forte du style de Labiche. D’abord il est toujours mĂ» par un mobile convenu nommĂ© et jamais dĂ©veloppĂ© dans une temporalitĂ© naissance, Ă©volution, changement de position, mais manifestĂ© dans un incident burlesque qui le met brusquement en lumiĂšre. Cet incident est en gĂ©nĂ©ral antĂ©rieur extĂ©rieur Ă  la scĂšne et donne lieu Ă  un rĂ©cit d’ouverture souvent un monologue assez directement tournĂ© vers le public. [...] Ce mobile tourne le plus souvent et traditionnellement autour de la situation de la cellule familiale. C’est d’abord le mariage, autour de la jeune fille personnage en creux, avec deux possibilitĂ©s on l’ aime instantanĂ©ment, ou au contraire une indiffĂ©rence permet les changements d’objet comme dans Le Point de mire, pourvu qu’on Ă©pouse. ... / ... L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 19 â€ș Le genre Labiche C’est aussi le maintien du couple face aux dangers de l’adultĂšre ; Le Chevalier des dames, Si jamais je te pince, etc., ou celui de l’amitiĂ© face aux dangers des aventures Le plus heureux des trois, Le Prix Martin, le souci de sauver les apparences La Poudre aux yeux, ou encore celui de sauvegarder le couple pĂšre-fille Le Major Cravachon, Les deux Timides, Mon IsmĂ©nie. Plus exceptionnel, la recherche d’un pĂšre Un garçon de chez Vert. C’est encore, en marge de la cellule familiale jamais vraiment absente, l’irruption du dĂ©sir, Ă  condition que le plaisir soit sans danger, thĂšme qui se dĂ©veloppe en gaudriole clandestine Ă  mesure que la sociĂ©tĂ© se libĂšre Le Papa du prix d’honneur, Le plus heureux des trois, Les trente millions de Gladiator, La ClĂ©. C’est aussi l’horreur du crime L’affaire de la rue de Lourcine, Le MystĂšre de la rue Rousselet, Un pied dans le crime, Le Prix Martin, la crainte du dĂ©sordre financier Les trente-sept sous de Mr Montaudouin, l’irruption du passĂ© Permettez Madame, CĂ©limare le bien aimĂ©. C’est, plus simple-ment, plus passivement encore, l’élimination des obstacles, qui est au principe des piĂšces poursuites ou cauchemar Un chapeau de paille d’Italie, La Cagnotte, Les chemins de fer. Or tous ces mobiles ont quelque chose de commun le thĂšme fondamental du personnage ou si l’on veut, en termes actanciels, le destinataire», c’est la recherche du repos, de la paix, de la tranquillitĂ©. Le personnage a du mal Ă  se constituer en sujet, il occupe la place de l’opposant Ă  tout ce qui peut le faire bouger, opposant non pas Ă  un sujet particulier qui ferait une dramaturgie du conflit, ce que n’est pas celle de Labiche, mais Ă  tout Ă©vĂ©nement nouveau qui se prĂ©sente. La caractĂ©ristique majeure du genre Labiche» qui en dĂ©coule est que ses personnages n’ont qu’un souci rester immobiles, se dĂ©fendre, faire face. Dans l’urgence, ils rĂ©agissent vite phrases courtes, multiplication des plans par l’apartĂ©, au risque de dire n’importe quoi pataquĂšs, impropriĂ©tĂ©s, Ă©normitĂ©s, enfermĂ©s dans la rĂ©pĂ©tition, sans humour, toujours graves ce qui augmente leur comique involontaire.. Le genre Labiche n’est pas la piĂšce bien faite» chĂšre Ă  Francisque Sarcey. Sarcey ecrit Le Temps, 10 fĂ©vrier 1868, Ă  propos d’une piĂšce de Labiche Le genre oĂč il s’acharne est Ă©puisĂ©. Il faudra qu’il prenne la peine de composer ses vaudevilles. Ceux qu’il nous donne Ă  prĂ©sent n’ont ni commencement, ni milieu, ni fin ; c’est une succession de scĂšnes dĂ©tachĂ©es que relie tant bien que mal le fil du titre. Le public m’a tout l’air d’en ĂȘtre bien las.» CitĂ© par J. Robichez dans son Ă©dition du Théùtre de Labiche, tome II, p. 597. D’aprĂšs Pierre Voltz. Extrait de Le genre Labiche» Revue Europe, 72Ăš annĂ©e, N° 786/oct 94 L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 20 â€ș L’Affaire de la rue de Lourcine mis en scĂšne par GrĂŒber La SchaubĂŒhne et Klaus Michael GrĂŒber ont créé Die AffĂšre Rue de Lourcine en mai 88. Cette mise en scĂšne prend le parti de se libĂ©rer de la reprĂ©sentation traditionnelle du vaudeville sur le mode bourgeois. Voici un extrait du compte-rendu de Rolf Michaelis paru au lendemain de la PremiĂšre dans Die Zeit. [...] A la SchaubĂŒhne am Lehniner Platz de Berlin, oĂč Klaus Michael GrĂŒber met en scĂšne avec la collaboration d’Ellen Hammer le nĂ©ant de l’action lourd de sens pas une seule porte. Il souffle pourtant, sur cette merveilleuse et trĂ©pidante reprĂ©sentation de 90 minutes tout juste, sans entracte, l’air frais d’un orage assourdissant. [...] Confusion totale, dĂšs le premier instant. Sylvester Groth, en cuistre mal rĂ©veillĂ© dans une famille de petits bourgeois indĂ©crottables, ouvre le rideau de velours rouge avec les gants blancs du serviteur Justin. De mauvaise humeur, ce dernier ferme les yeux c’est un signal. La lumiĂšre dans la salle s’éteint. L’index posĂ© sur les lĂšvres, Justin nous met en garde Monsieur dort encore... ne le rĂ©veillons pas !» Puis il regarde et le spectateur avec lui la pendule» chez Francis Biras, sous la forme d’une locomotive, et nous subissons notre premiĂšre frayeur les aiguilles, qui indiquaient encore neuf heures moins cinq, se mettent soudain Ă  avancer, bondissent sur neuf heures dix, tremblent, titubent et reviennent sur neuf heures moins quelque chose. Neuf heures moins cinq, neuf heures dix le chien de garde mal lunĂ©, habituĂ© Ă  la soumission, et qui porte le nom de Justin, n’en a que faire. Neuf heures !»... dit-il en soupirant et en laissant tomber, taciturne, la premiĂšre remarque hargneuse Ă  l’encontre du bailleur de fonds II est flĂąneur, Monsieur...». Le rideau, qu’il repousse sur le cĂŽtĂ© de la scĂšne, continuant cependant Ă  s’ouvrir en grinçant, alors qu’il a dĂ©jĂ  baissĂ© les bras dans un premier accĂšs de fatigue, provoque Ă  vrai dire chez lui un Ă©tonnement passager, sans consĂ©quence. Il y a peut-ĂȘtre de l’esprit 1857» dans la pendule-locomotive, qui crache un gentil petit nuage de fumĂ©e dans la chambre Ă  coucher-boudoir au moment de sonner l’heure. Les lumiĂšres qui vacillent, et le lustre qui se met Ă  osciller chaque fois que quelqu’un ronfle dans l’alcĂŽve, donnent Ă  rĂ©flĂ©chir. Quant Ă  l’incandescence alpestre qui vient se poser au dessus du tableau de glaciers accrochĂ© au mur, et au coin noir qui vient assombrir le panorama montagneux dans les moments d’angoisse, ils ne nous laissent rien prĂ©sager de bon. Ne devinons-nous pas, sous les taches de lumiĂšre qui, seules, Ă©clairent la pĂ©nombre du dispositif scĂ©nique, dans la penderie sombre, devant l’alcĂŽve encadrĂ©e, comme la scĂšne tout entiĂšre, de colonnes en torsades Ă  l’éclat lĂ©gĂšrement dorĂ©, ne devinons-nous pas deux paires de chaussures et deux fracs ? Nous sommes toujours en prĂ©sence d’une comĂ©die, d’une farce fondĂ©e sur la mĂ©prise et la dĂ©rision, et pourtant nous voilĂ  dĂ©jĂ  en plein dans la tragĂ©die du meurtre et de l’homicide volontaire ; nous pourrions nous lamenter Ă  l’instar du hĂ©ros de tragĂ©die Hamlet Le monde est sorti de ses gonds...» ... / ... L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 21 â€ș L’Affaire de la rue de Lourcine mis en scĂšne par GrĂŒber Un petit homme s’extirpe de derriĂšre le rideau de lit. Avons-nous jamais vu Udo Samel plus grand qu’en cet instant oĂč, en caleçon froissĂ© et quittant la couche en titubant, il pose la question-clĂ© de l’humanitĂ© OĂč est donc mon pantalon ?» BientĂŽt des soucis d’un autre ordre assaillent notre digne citoyen qui, la veille au soir, lors d’une rencontre d’anciens Ă©lĂšves, a laissĂ© remplir son verre Sakrament ! Hab ich einen Durst !» ainsi traduit par Elfriede Jelinek, auteur dramatique et romanciĂšre autrichienne - Sapristi ! que j’ai soif !. Et nous voyons ce qui est annoncĂ© par l’indication scĂ©nique que nous pouvons lire dans le programme, lequel se contente de reproduire chose extraordinaire pour la SchaubĂŒhne de Berlin le texte intĂ©gral de la piĂšce Il prend une carafe d’eau ... et boit Ă  mĂȘme.» [...] Un des moments les plus beaux Oedipe/Samel explorant son propre passĂ© Par exemple, mes idĂ©es s’embrouillent complĂštement Ă  partir de la salade !». Surplombant une moustache aux puissantes oscillations, qui fait du personnage Ă  la fois un compagnon de NapolĂ©on III et un successeur de Don Quichotte, les yeux de Samel se ferment, il plonge son regard en lui mĂȘme Ai-je mangĂ© de la salade ?... Voyons donc !... Non !...» [...] De la voliĂšre de velours surgit un monstre, mi-Golem, mi-RĂŒbezahl. DerriĂšre Udo Samel, qui n’arrĂȘte pas de rapetisser et dont les bretelles flottent sur les cuisses, se dĂ©ploie, menaçante, la silhouette agrandie et fantĂŽmatique, aux cheveux hirsutes et raides, de Peter Simonischek. Que faites-vous lĂ  ?... dans mon lit !...» demande indignĂ© le maĂźtre des lieux, qui a oubliĂ© qu’il avait, aprĂšs le banquet, ramenĂ© chez lui son ancien coreligionnaire. De quel droit, Monsieur, me retenez-vous prisonnier ?» vocifĂšre l’invitĂ© tout imbibĂ© encore des derniĂšres vapeurs d’alcool, avant de tituber vers la carafe Sapristi ! que j’ai soif !» Un grand moment comique, mais pas uniquement ce Frankenstein, qui regarde fixement son partenaire rabougri, fait surgir dans notre esprit les archĂ©types de Double Patte et Patachon, de Laurel et Hardy, de l’Auguste et du Pierrot. Le gĂ©ant Barbe Grise, flanquĂ© du nain Moustache Ă  crocs, avec son soprano de garçonnet, trĂ©buchant deci-delĂ  d’un pas lĂ©ger malgrĂ© le handicap de l’alcool, vont dĂ©sormais dominer la scĂšne. Ce qui n’est au dĂ©but qu’un numĂ©ro de clowns, se transforme en un mĂ©lodrame horrifique, en polar, en drame criminel, bref, en - non, elle est Ă©vitĂ©e de justesse -tragĂ©die. D’oĂč viennent les morceaux de charbon que nos deux gaillards ont dans leurs poches de pantalon ? D’oĂč vient la tresse de jeune fille de l’un et la chaussure rose de femme de l’autre ? ... / ... L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 22 â€ș L’Affaire de la rue de Lourcine mis en scĂšne par GrĂŒber C’est parce que la maĂźtresse de maison, troublĂ©e et plus dĂ©concertĂ©e par le comportement Ă©trange de son mari que par l’hĂŽte nocturne qu’elle ne connaĂźt pas, lit dans un journal vieux de vingt ans un rapport de police qui fait Ă©tat du meurtre d’une charbonniĂšre par deux ivrognes, que nos deux compagnons de beuverie se prennent pour les assassins. Avec le flegme rĂȘveur des ivrognes aux facultĂ©s mentales diminuĂ©es, ils Ă©liminent tous les tĂ©moins prĂ©sumĂ©s. Et envisagent tous les deux, avec un beau cynisme, de tuer l’ami de classe et de bistrot qui n’est autre que le dernier tĂ©moin Ă  charge. [...] Peter Fischer a composĂ© la musique des petits couplets, canons et madrigaux, que les acteurs, en distribution alternĂ©e, murmurent, sifflotent, fredonnent avec une lĂ©gĂšretĂ© et un naturel mĂ©ticuleux. Moidele Bickel semble ĂȘtre allĂ©e chercher ses beaux costumes dans le Charivari ou dans l’une de ces gazettes que feuilletait Jacques Offenbach. Avec son rictus perpĂ©tuel, qui peu Ă  peu s’intensifie jusqu’à faire peur, Roland SchĂąfer traverse l’appartement sinistre, en membre de la famille qui ne comprend rien et pardonne tout. Imogen Kogge se taille enfin une premiĂšre place parmi les grandes actrices de la SchaubĂŒhne, bien que l’auteur de ces scĂšnes lĂ©gĂšres - ce Labiche, passablement rĂ©actionnaire, qui tout Ă  la fois mĂ©prise les femmes et les consomme - ne lui laisse guĂšre la possibilitĂ© de prendre la parole et de s’épanouir. Mais il faut voir avec quel art elle ouvre les yeux grands comme des soucoupes pour marquer son Ă©tonnement, et le petit pied de danseuse qu’elle laisse deviner sous sa crinoline, quand elle quitte la scĂšne dans un joli mouvement de rotation. [...] En Ă©vitant toute excitation, en racontant cette histoire mouvementĂ©e lentement et sans bruit, GrĂŒber met simultanĂ©ment en scĂšne le mĂ©canisme souvent intentionnellement grinçant de la machine Ă  farce le journal vieux de vingt ans !. Extrait du compte-rendu de Rolf Michaelis paru au lendemain de la PremiĂšre dans Die Zeit. Die Zeit, Hambourg, 1/6/1988 Traduit de l’allemand par RĂ©gine Mathieu L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 23 RepĂšres biographiques â€ș EugĂšne Labiche 1815 - 1888 Je n’ai eu qu’à frapper Ă  la porte pour entrer» EugĂšne Labiche est nĂ© le 6 mai 1815 Ă  Paris. Son pĂšre, Jacques-Philippe Labiche 1786-1864 est originaire de Nogent-le-Roulebois Eure-et-Loir ; sa mĂšre, Marie-Louise Falempin 1787-1833 est parisienne de souche. [...] Peu de temps aprĂšs la naissance d’EugĂšne, Jacques-Philippe Labiche, dĂ©sireux de dĂ©velopper le commerce des sucreries, acquiert Ă  Rueil, dans la rĂ©gion parisienne, une imposante maison dont il transforme une partie de la cour en usine produisant du sirop et du glucose EugĂšne Labiche, fils unique, passera lĂ  son enfance. A la rentrĂ©e scolaire d’octobre 1826, Labiche est inscrit au collĂšge Bourbon - l’actuel lycĂ©e C’ondorcet -; il est interne Ă  la pension LabbĂ©, situĂ©e rue du Faubourg-Saint-HonorĂ©. II y reste jusqu’en 1833, annĂ©e oĂč il obtient le baccalaurĂ©at. Il ne paraĂźt pas avoir accompli une scolaritĂ© particuliĂšrement brillante les observations des biographes, dĂ©duites de quelques tĂ©moignages ou autres indices Ă©pars, montrent un Ă©lĂšve moyen qui aurait acquis sans difficultĂ© mais sans Ă©clat son succĂšs scolaire, remportant au passage un accessit de discours français. ParallĂšlement, il s’est Ă©panoui sur le plan physique passionnĂ© par les exercices du corps, il pratique la gymnastique, l’escrime et la natation. Sa mĂšre meurt Ă  Rueil, peu de temps avant le baccalaurĂ©at, le 10 mai 1833 ; elle lui lĂšgue une maison situĂ©e 5, rue du Mail Ă  Paris, dont la location semble lui procurer une bonne rente, et dont il occupe l’un des appartements Ă  titre personnel. L’annĂ©e suivante, de janvier Ă  juillet 1834, il effectue, en compagnie de quelques amis, un voyage d’agrĂ©ment dans le sud de la France, en Italie et en Suisse. Il en profite pour connaĂźtre quelques aventures de jeunesse. En septembre 1834, il s’inscrit Ă  l’Ecole de Droit pour prĂ©parer une licence qu’il obtiendra - difficilement, semble-t-il - aprĂšs six annĂ©es d’études. Il se lance simultanĂ©ment dans le journalisme et collabore Ă  plusieurs revues artistiques ou littĂ©raires ; il publie quelques textes et fait reprĂ©senter, dĂšs 1837, une premiĂšre piĂšce de théùtre. Il ne quittera ce domaine - la dramaturgie - qu’en 1878, date de sa derniĂšre production. [...] Au bout d’un an d’inaction, Labiche ne rĂ©siste pas Ă  l’attrait du théùtre ; il reprend sa carriĂšre de vaudevilliste, sans qu’aucun Ă©vĂ©nement majeur vienne heurter le dĂ©roulement de sa vie professionnelle pendant plusieurs annĂ©es 1843-1847. ... / ... L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 24 RepĂšres biographiques [...] MalgrĂ© cet intermĂšde, Labiche poursuit inlassablement sa carriĂšre d’auteur dramatique. En 1849, il est Ă©lu membre de la commission de la SociĂ©tĂ© des Auteurs et Compositeurs dramatiques, en qualitĂ© d’archiviste. En 1852, Ă  la suite du succĂšs du Chapeau de paille d’Italie, il signe chez Michel LĂ©vy son premier contrat d’exclusivitĂ© il s’engage Ă  donner Ă  l’éditeur la totalitĂ© de sa production pendant trois ans. En juillet 1853, il acquiert Ă  Souvigny, dĂ©partement du Loir-et-Cher, une propriĂ©tĂ© de cinq cents hectares - le domaine de Launoy - pour la somme de cent vingt-cinq mille francs. [...] En 1856, il est Ă©lu vice-prĂ©sident de la commission de la SociĂ©tĂ© des Auteurs et Compositeurs dramatiques. Le 12 mars de la mĂȘme annĂ©e son Ă©pouse met au monde un garçon prĂ©nommĂ© AndrĂ©, Marin 1856-1897. Deux ans plus tard, le 1er mai 1858, AdĂšle Labiche accouche d’un enfant mort-nĂ©. Le 15 aoĂ»t 1861, il avait Ă©tĂ© fait chevalier de la LĂ©gion d’honneur, dĂ©coration trĂšs prisĂ©e des artistes et des Ă©crivains ; cette distinction lui permet surtout d’avoir accĂšs aux manifestations restreintes organisĂ©es par NapolĂ©on III qui s’était entourĂ© d’un protocole particuliĂšrement pointilleux. [...] En juillet 1865, Labiche est Ă©lu conseiller municipal de Souvigny ; il est nommĂ© maire en mai 1868 Ă  la suite du dĂ©cĂšs du maire prĂ©cĂ©dent. [...] Par dĂ©cret du 1l aoĂ»t 1870 signĂ© de l’ImpĂ©ratrice, il est promu officier de la LĂ©gion d’honneur. La guerre franco-prussienne qui vient d’éclater le contraint Ă  rester Ă  Souvigny tandis qu’il met Ă  l’abri dans le midi son Ă©pouse et son fils. Les Allemands ayant franchi la Loire, de nombreux villages de Sologne sont rĂ©quisitionnĂ©s soit pour verser des sommes d’argent soit pour procurer des vivres aux occupants. Le 26 fĂ©vrier 1880, Labiche est Ă©lu Ă  l’AcadĂ©mie française, au fauteuil de Silvestre de Sacy ; il est reçu sous la Coupole le 25 novembre. Conscient de sa modestie par rapport aux hautes valeurs littĂ©raires qui honorent l’institution, il dĂ©finit ses piĂšces comme des badinages» et explique dĂšs le dĂ©but de son discours J’ai toute ma vie Ă©crit des dialogues, et voici que je me trouve, tout Ă  coup, en face d’un terrible monologue. Je ne suis pas encore façonnĂ© Ă  votre langage. J’entre un peu chez vous, comme ces Gaulois, Ă  demi barbares, entraient dans Rome pour y apprendre l’éloquence et y respirer le parfum des belles-lettres». [...] La derniĂšre intervention publique de Labiche est systĂ©matiquement mentionnĂ©e dans les biographies le 27 janvier 1881, il prĂ©side le banquet annuel de l’Association des anciens Ă©lĂšves du lycĂ©e Condorcet et prononce un discours fort applaudi Ce qu’il vous faut promener dans le monde, c’est notre gaietĂ©, cette gaietĂ© qui est de vieille race française et qu’aucun peuple ne possĂšde. Entretenez avec amour ce feu national - Riez !» . DĂšs le mois d’avril, ... / ... L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 25 RepĂšres biographiques ses ennuis de santĂ© reprennent fiĂšvre persistante et le contraignent Ă  un rĂ©gime sĂ©vĂšre. Le 15 janvier 1882, son fils, reçu depuis 1879 au Conseil d’Etat, Ă©pouse Madeleine Flandin, fille d’un dĂ©putĂ© du Calvados. La jeune femme dĂ©cĂ©dera en septembre 1885 aprĂšs avoir donnĂ© naissance Ă  deux enfants EugĂšne, en 1883, et Pierre, en 1884. Labiche ne passe dĂ©sormais plus son temps qu’à se soigner, ayant cessĂ© toute activitĂ© littĂ©raire. Ses forces semblent progressivement diminuer il est atteint d’une congestion pulmonaire et d’oedĂšmes aux jambes en mai 1884. MalgrĂ© des traitements, son Ă©tat s’aggrave subitement en octobre 1887. EugĂšne Labiche meurt Ă  Paris dans la nuit du 22 au 23 janvier 1888 ; ses obsĂšques sont cĂ©lĂ©brĂ©es le 25 janvier Ă  l’église Saint-Louis-d’Antin. II est inhumĂ© au cimetiĂšre Montmartre. D’aprĂšs François Cavaignac EugĂšne Labiche ou la gaietĂ© critique», L’Harmattan, 2003 L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 26 RepĂšres biographiques â€ș Macha MakeĂŻeff Macha MakeĂŻeff est nĂ©e Ă  Marseille. Famille protestante. Ascendances russe et italienne. Elle frĂ©quente le lycĂ©e Longchamp, prend des cours de théùtre, se diplĂŽme au Conservatoire de Marseille, y rencontre le pianiste Pierre Barbizet. Dix-neuf ans elle Ă©lit domicile rue Dupuytren Ă  Paris, Ă©tudie la littĂ©rature et l'histoire de l'art Ă  la Sorbonne, frĂ©quente Daniel Mesguich qu'elle assistera quelque temps, puis Antoine Vitez, rencontre absolument dĂ©terminante. Il lui confie sa premiĂšre mise en scĂšne au Théùtre des Quartiers d’Ivry. C'est aussi dans les annĂ©es 70 qu'elle rencontre JĂ©rĂŽme Deschamps, comĂ©dien, et qu'ils commencent immĂ©diatement Ă  travailler ensemble, pour le théùtre d'abord. Macha MakeĂŻeff est auteur et metteur en scĂšne des spectacles de la compagnie qu'ils fondent et dirigent ensemble. Plasticienne aussi, puisqu'elle crĂ©e costumes, dĂ©cors, accessoires, identitĂ© visuelle et sentimentale de leurs histoires depuis trente ans. Dans les annĂ©es 90, le style deschiens», qu'elle invente, marque une Ă©poque. Elle expose Ă  la Fondation Cartier, au Centre Georges Pompidou, Ă  Chaumont, Ă  la grande Halle de la Villette... Elle publie des essais sur le théùtre et la poĂ©tique des objets qui la hantent aux Ă©ditions du ChĂȘne, SĂ©guier, Seuil et Actes Sud. Elle est directrice artistique du Théùtre de NĂźmes. â€ș JĂ©rĂŽme Deschamps JĂ©rĂŽme Deschamps est nĂ© Ă  Neuilly-sur-Seine. Deux oncles influents le premier est acteur - Hubert Deschamps -, le second est cinĂ©aste - Jacques Tati. Au LycĂ©e Louis-le-Grand, il frĂ©quente les ateliers de théùtre, y rencontre Patrice ChĂ©reau et Jean-Pierre Vincent, avant d'intĂ©grer le Conservatoire de Paris, l'Ă©cole de la Rue Blanche. Il entre pour trois ans Ă  la ComĂ©die française. Il rencontre Antoine Vitez, qui le mettra en scĂšne plusieurs fois dans Claudel, Vinaver
 Il devient metteur en scĂšne. A la fin des annĂ©es 70, il fonde avec Macha MakeĂŻeff la compagnie de théùtre qu'ils dirigent ensemble. Acteur dans ses propres spectacles, on le retrouve aussi au cinĂ©ma, sous la direction de Christian Vincent, Roger Kahane, Pavel Lounguine, François Morel... Au Centre National du CinĂ©ma, il a dirigĂ© en 1996-1997 la Commission de l'avance sur recettes, dont il a mis en place la rĂ©forme. En 2005, il est nommĂ© directeur de l’OpĂ©ra Comique Ă  Paris. ... / ... L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 27 RepĂšres biographiques â€ș Ensemble Aventure plurielle au théùtre plus de vingt spectacles donnĂ©s en France et Ă  l’étranger, Ă  l'opĂ©ra Les Brigands d'Offenbach, L'EnlĂšvement au SĂ©rail de Mozart, Moscou Tcheriomouchki de Chostakovitch, Ă  la tĂ©lĂ©vision Les Deschiens. Ils dirigent ensemble leur compagnie de théùtre Deschamps & MakeĂŻeff. En 2000, ils ont fondĂ© avec Sophie Tatischeff Les Films de mon Oncle», et s'occupent dĂ©sormais de l'Ɠuvre du cinĂ©aste Jacques Tati. Ils codirigent le Théùtre de NĂźmes depuis 2003. L’annĂ©e 2006 qui a dĂ©butĂ© par la crĂ©ation de L’Affaire de la rue de Lourcine d’EugĂšne Labiche au Théùtre de NĂźmes et la tournĂ©e des Etourdis est Ă©galement marquĂ©e par la crĂ©ation de La mauvaise vie d’aprĂšs les ScĂšnes populaires d’Henri Monnier au Théùtre de NĂźmes, et de spectacles musicaux Mozart Short Cuts direction musicale Laurence Equilbey et La Veuve Joyeuse Ă  l’OpĂ©ra de Lyon. L’EnlĂšvement au sĂ©rail, de Mozart, a Ă©tĂ© repris au Teatro Real de Madrid en mai 2006. â€ș Pascal Ternisien AprĂšs sa formation au Conservatoire SupĂ©rieur d’Art Dramatique de Paris, Pascal Ternisien entame son parcours d’acteur au Théùtre National de Chaillot sous le regard bienveillant de Catherine Anne La JournĂ©e d’une rĂȘveuse, de Copi mais surtout d’Antoine Vitez Hernani ; LucrĂšce Borgia ; Le Misanthrope ; Anacoana. Il travaille aussi avec Claude RĂ©gy, Laurent Pelly, Bernard Murat, Etienne Pommeret ou Jean-François Peyret. Au cinĂ©ma, il a tournĂ© avec Jean-Pierre Mocky Le MiraculĂ©, Albert Dupontel Bernie, Le CrĂ©ateur, EnfermĂ©s Dehors, Diane Kurys Les enfants du siĂšcle ou CĂ©dric Klapisch Peut-Etre. â€ș Nicole Monestier Soprano Nicole Monestier Ă©tudie le chant Ă  Paris, Ă  Vienne et Ă  Salzbourg. Ses dĂ©buts scĂ©niques ont lieu Ă  l’OpĂ©ra de Marseille en 1980 avec Elektra. Depuis, elle s’est produite dans les principaux théùtres français et Ă©trangers. Au concert, elle est invitĂ©e dans le cadre des Festivals d’Aix-en-Provence, de Prades, d’Antibes, ainsi qu’à Radio-France, au Festival Musica de Strasbourg et pour des crĂ©ations contemporaines Gilbert Amy, Antoine TisnĂ©. A l’étranger, elle s’est produite Ă  Rome et Ă  Salzburg ainsi qu’en Chine et en AmĂ©rique du Sud. Son goĂ»t pour le théùtre et le travail d’acteur l’ont amenĂ©e Ă  rejoindre JĂ©rĂŽme Deschamps et Macha Makeieff, avec lesquels elle a dĂ©jĂ  collaborĂ© dans Les Brigands d’Offenbach, La Cour des grands, L’Hommage Ă  Jacques Tati, Les Etourdis. Au cinĂ©ma, elle tourne pour Sarah Levy Au crĂ©puscule des temps Arte 2005 et pour Yolande Moreau et Gilles Portes, Quand la mer monte, qui a remportĂ© le Prix Deluc 2004 de la premiĂšre Ɠuvre ainsi que le CĂ©sar de la premiĂšre Ɠuvre. ... / ... L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 28 RepĂšres biographiques â€ș Marie-Christine Orry Elle commence la peinture et l’art plastique Ă  l’école Nationale SupĂ©rieur des beaux-Arts de Paris. Son attirance pour le théùtre et la dĂ©couverte d’Antoine Vitez, l’orienteront alors vers le théùtre National de Chaillot oĂč elle rencontre l’univers de JĂ©rĂŽme Deschamps et celui de Georges Aperghis avec lesquels elle travaillera par la suite La VeillĂ©e pour le premier et ÉnumĂ©rations pour le second. Vitez - Aperghis - Deschamps formeront en quelque sorte les bases de son trajet de comĂ©dienne. Depuis une quinzaine d’annĂ©es, elle traverse sans prĂ©jugĂ©s les univers de Michel Raskine ou StĂ©phane Braunschweig, passe Ă  la mise en scĂšne de spectacles musicaux autour de la chanson française ou de l’opĂ©rette, et joue TchĂ©kov, MoliĂšre, Édouard Bond ou Jean-Claude Grumberg avec L’Atelier au théùtre HĂ©bertot ou elle obtient le MoliĂšre de la rĂ©vĂ©lation fĂ©minine dans le rĂŽle Mimi en 99. â€ș Dominique Parent Sorti du Conservatoire SupĂ©rieur d’Art Dramatique de Paris en 1989 oĂč il suit l’enseignement de Pierre Vial, Michel Bouquet, Jean-Pierre Vincent, Georges Werler et Daniel Mesguich, Dominique Parent poursuit sa carriĂšre d’acteur auprĂšs notamment de Claude Buchwald Le Repas ; L’OpĂ©rette imaginaire ; TĂȘte d’Or et ValĂšre Novarina Vous qui habitez le temps ; La Chair de l’homme ; L’Origine Rouge ; La ScĂšne, Jacques Nichet, Bernard Sobel ou Robert Altman. Au cinĂ©ma, il participe aux longs mĂ©trages de Bruno PodalydĂšs Dieu seul me voit ; Le MystĂšre de la Chambre Jaune ; Le Parfum de la Dame en Noir. â€ș Pascal Le Pennec AccordĂ©oniste et compositeur LaurĂ©at des Fondations Yehudi Menuhin et Cziffra, il achĂšve sa formation Ă  l'Ecole Normale de Musique de Paris, oĂč il obtient les diplĂŽmes supĂ©rieurs d'enseignement d'accordĂ©on de concert, de concertiste de musique de chambre, d'harmonie et de contrepoint. Il donne de nombreux concerts d'accordĂ©on classique, notamment Salle Cortot, Ă  la Maison de Radio France, Ă  la grande Halle de la Villette, Ă  la PĂ©piniĂšre-OpĂ©ra, Ă  l'Institut Curie... ou encore dans le cadre du rĂ©seau des Instituts Français Ă  l'Ă©tranger. Il enregistre chez Skarbo un disque consacrĂ© Ă  Kurt Weill. En tant qu'accompagnateur et/ou arrangeur, il a travaillĂ© avec HĂ©lĂšne Delavault, RĂ©gine, Alain Leprest, Romain Didier, Philippe Meyer, Pierre Santini... Il vient d’achever la composition de la bande originale de Cachecache, long mĂ©trage d’Yves Caumon prĂ©sentĂ© rĂ©cemment dans le cadre de la quinzaine des rĂ©alisateurs du Festival de Cannes sortie janvier 2006. ... / ... L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 29 RepĂšres biographiques â€ș Jean-Claude Bolle-Reddat Au théùtre, il a jouĂ© dans plus de cinquante piĂšces, sous la direction de Robert Cantarella Le Chemin de Damas d'August Strinberg, Jean-Louis Benoit La Trilogie de la villĂ©giature de C. Goldoni, Didier Bezace Le Colonel oiseau de H. Boytchev, Feydeau terminus d'aprĂšs G. Feydeau, Jacques Rebotier Vengeance tardive... Il a travaillĂ© Ă©galement plusieurs annĂ©es avec Jean-Luc Lagarce Hollywood de Lagarce, Instructions aux domestiques de J. Swift, La Cantatrice chauve d'E. Ionesco... Compagnon d’aventure durant huit ans de Jean-Louis Martinelli dont cinq ans comme permanent au théùtre National de Strasbourg. Il a aussi tournĂ© dans plus de soixante films et tĂ©lĂ©films BenoĂźt Jacquot, Bertrand Van Effenterre, Robert Enrico, Alfredo Arias, Edwin Bailly, Joyce Bunuel, Boris Vial. â€ș Lorella Cravotta AprĂšs le Conservatoire National SupĂ©rieur d’Art Dramatique de Paris, Loretta dĂ©bute avec Claude RĂ©gy Ă  la ComĂ©die Française Ivanov. Elle rencontre JĂ©rĂŽme Deschamps et Macha MakeĂŻeff avec qui elle crĂ©e Lapin Chasseur 1989 ; Les Pieds dans l’eau 1991 ; Le DĂ©filĂ© 1995 ; Les PrĂ©cieuses Ridicules 1997 ; Moscou quartier des cerises 2004. Au cinĂ©ma, elle joue dans les rĂ©alisations de Jean-Pierre Jeunet Le Fabuleux destin d’AmĂ©lie Poulain ; Caro & Jeunet La CitĂ© des enfants perdus ; Claude Duty Filles perdues, cheveux gras ; Eric Civanyan Il ne faut jurer de rien. â€ș Luc-Antoine DiquĂ©ro ElĂšve de L’Ecole Lecoq, il suit aussi les cours de Jean-Christian Grinevald sous la direction duquel il joue avant de rencontrer Jorge Lavelli OpĂ©rette ; Les ComĂ©dies Barbares ; Greek ; Macbett ; Maison d’ArrĂȘt ; ; Arloc ; Slaves. Il travaille aussi avec StĂ©phane Braunschweig, Ludovic Lagarde, Robert Cantarella, Laurent Gutmann ou Alain Françon. Au cinĂ©ma, il tourne avec Bob Swain La Balance, Andreij Wajda Danton, Jacques Deray Le Solitaire, Philippe De Broca Les Chouans, Pierre Salvatori Comme elle respire ou Pitoff Vidocq. Luc-Antoine DiquĂ©ro a mis en scĂšne Une soirĂ©e comme une autre de J. Sternberg et For The Good Time Elvis de Denis Tillinac. ... / ... L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 30 RepĂšres biographiques â€ș Arno Feffer ComĂ©dien dans la troupe du Théùtre d’Objets AnimĂ©s de Wilfrid Charles jusqu’en 1985, il poursuit son parcours d’acteur au Théùtre avec les metteurs en scĂšne Patrick Verschueren, Anne Alvaro, Marie-Christine Orry, Michel Raskine, Eric Lacascade ou Vincent Goethals. Au cinĂ©ma, il tourne sous la direction de Bernard Rapp TirĂ© Ă  part, Michel Deville La Divine Poursuite, Nicole Garcia Place VendĂŽme ou Olivier Ducastel DrĂŽle de FĂ©lix. â€ș Philippe Leygnac Compositeur-musicien-comĂ©dien Musicien-comĂ©dien, il a accompagnĂ© Alain Leprest aux claviers, trompette et percussions 1998 et Serge Utge-Royo en tant que pianiste 2000. Il a participĂ© aux Courgettes sauvages, mise en scĂšne d’AurĂ©lia Stammbach 2001 et au FlorilĂšge des fous de Jean-Luc Debbattice 2002. Il a composĂ© la musique de L’Enfant-rat d’Armand Gatti Festival de théùtre des Francophonies de Limoges et participĂ© au Meeting PoĂ©tique Ă  la MutualitĂ© par AndrĂ© Velter et Claude Guerre, retransmis sur France-Culture avec notamment Armand Gatti, Michel Piccoli, Laurent Terzieff, Jacques BonaffĂ©, Elise Caron
. L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 31 â€ș Correspondances d’artistes L’OdĂ©on-Théùtre de l’Europe, la Maison des Écrivains et Les Mots Parleurs ont dĂ©cidĂ© d’associer leurs forces pour organiser, tout au long de la saison 2006-2007, une confrontation crĂ©ative – commentaire, contrepoint ou conversation, comme on voudra – entre quatre Ɠuvres théùtrales créées dans notre théùtre et quatre fois deux auteurs contemporains. L’expĂ©rience, pour ces derniers, se rĂ©partira en plusieurs Ă©tapes. La premiĂšre consistera Ă  laisser leur Ă©criture rĂ©pondre librement aux sollicitations de l’Ɠuvre destinĂ©e Ă  ĂȘtre mise en scĂšne. Chaque Ă©crivain s’est en effet engagĂ© Ă  composer un texte en correspondance avec une Ɠuvre théùtrale au programme de notre saison. DeuxiĂšme Ă©tape les auteurs rencontreront le public tant dans les Ă©tablissements scolaires qu’en entreprise, jetteront des passerelles entre leurs ouvrages dĂ©jĂ  publiĂ©s et le texte nouveau issu de ces correspondances. DerniĂšre Ă©tape, qui sera aussi le point d’orgue de tout le processus les textes inĂ©dits feront l’objet d’une lecture publique par des interprĂštes de l’association Les Mots Parleurs. À cette occasion, les auteurs, qui auront enfin dĂ©couvert la mise en scĂšne des Ɠuvres qui les auront inspirĂ©s, participeront Ă  une rencontre-dĂ©bat avec le public et en compagnie des metteurs en scĂšne. Samedi 10 mars Ă  15h au Théùtre de l’OdĂ©on, Lecture publique de textes inĂ©dits d’Anne-Marie Garat et François Salvaing, Ă©crits en correspondance avec L’Affaire de la rue de Lourcine, par Carole Bergen et ValĂ©rie Delbore de l'association Les Mots Parleurs, suivie d'une rencontre avec les deux auteurs, JĂ©rĂŽme Deschamps et Macha MakeĂŻeff, animĂ©e par Maria MaĂŻlat. L’OdĂ©on, la Maison des Écrivains et les Mots Parleurs organisent ensemble cette confrontation crĂ©ative – commentaire, contrepoint ou conversation – entre une Ɠuvre théùtrale et deux auteurs contemporains, Ă  qui il est demandĂ© de composer un texte provoquĂ© par leur lecture d'une Ɠuvre de la programmation de l'OdĂ©on. EntrĂ©e libre Renseignements et rĂ©servations au 01 44 85 40 33 ou [email protected] L’Affaire de la rue de Lourcine / 22 fĂ©v. â€ș 31 mars 07 32 Eric Woerth est au cƓur de la tourmente. Jeudi 24 octobre au soir, le quotidien "LibĂ©ration" rĂ©vĂ©lait que l'ancien ministre du Budget aurait accordĂ© en 2009 un abattement fiscal de plus de 50 millions d'euros Ă  Bernard Tapie, dans le cadre de l'arbitrage Adidas. Le mĂȘme jour, Eric Woerth Ă©tait entendu par la Cour de justice de la RĂ©publique CJR sur la vente contestĂ©e de l'hippodrome de CompiĂšgne en 2010. Deux affaires auxquelles il faut ajouter le dossier Bettencourt, qui a valu Ă  l'ancien ministre d'ĂȘtre renvoyĂ© en correctionnelle lundi 7 octobre dernier. Le point sur ces affaires qui lui collent Ă  la peau. L'affaire Bettencourt Depuis qu'elle lui a coĂ»tĂ© sa place au gouvernement en novembre 2010, Eric Woerth traĂźne l'affaire Bettencourt comme un boulet. Il est reprochĂ© Ă  l'ancien ministre du Budget, Ă©galement trĂ©sorier de l'UMP au moment des faits, d'avoir profiter de l'Ă©tat de "dĂ©mence mixte" et d'"une maladie d'Alzheimer Ă  un stade modĂ©rĂ©ment sĂ©vĂšre" de la milliardaire Liliane Bettencourt, dans le but de lui soutirer de l'argent pour financer la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Au-delĂ  de ces accusations d'"abus de faiblesse", Eric Woerth est Ă©galement poursuivi dans le volet "trafic d'influence" de l'affaire il aurait remis la lĂ©gion d'honneur Ă  Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, en Ă©change d'un emploi pour sa femme, Florence suite aprĂšs la publicitĂ© Dans ce volet "trafic d'influence", le parquet de Bordeaux avait requis un non-lieu le 10 mai 2013, estimant que "le lien de corrĂ©lation entre les deux faits n'est pas formellement dĂ©montrĂ©". Les juges d'instruction en ont dĂ©cidĂ© autrement, et ont renvoyĂ© l'ancien ministre en correctionnelle le 4 juillet dernier. Un non-lieu avait Ă©galement Ă©tĂ© requis dans le cadre du volet "abus de faiblesse". Mais lĂ  encore, les juges d'instruction ont dĂ©cidĂ©, le 7 octobre dernier, de le renvoyer en correctionnelle. Nicolas Sarkozy, dont la campagne a bĂ©nĂ©ficiĂ© des fonds levĂ©s par Eric Woerth, a en revanche bĂ©nĂ©ficiĂ© d'un non-lieu. L'affaire Tapie Jeudi 24 octobre, le quotidien "LibĂ©ration" rĂ©vĂšle que sur les 400 millions d'euros touchĂ©s par Bernard Tapie dans le cadre de l'arbitrage sur l'affaire Adidas, l'homme d'affaires s'est acquittĂ© de seulement 11,2 millions d'euros d'impĂŽt, grĂące Ă  un abattement fiscal qui serait compris entre 54 et 81 millions d'euros. Un cadeau qui aurait Ă©tĂ© accordĂ© Ă  la demande de l'ex-ministre du Budget, contre l'avis de l'administration fiscale. Deux projets auraient Ă©tĂ© soumis Ă  Eric Woerth. L'un Ă  94 millions d'euros, en appliquant une taxation Ă  33,33%, et l'autre Ă  65 millions d'euros. Mais l'ancien ministre aurait effectuĂ© des "coupes" jusqu'Ă  parvenir Ă  la somme de 11,2 millions d'euros, affirme le quotidien. ContactĂ© par l'AFP, Bernard Tapie dĂ©ment avoir bĂ©nĂ©ficiĂ© d'un quelconque avantage. A l'heure oĂč nous Ă©crivons ces lignes, Eric Woerth ne s'est toujours pas exprimĂ©. S'il a validĂ© la dĂ©cision finale, Eric Woerth n'est pas seul Ă  ĂȘtre impliquĂ© dans l'octroi de cet abattement fiscal hors du commun. "LibĂ©ration" affirme en effet que les rĂ©unions organisĂ©es entre Bernard Tapie et la cellule fiscale du ministĂšre du Budget l'ont Ă©tĂ© Ă  l'initiative de StĂ©phane Richard, alors directeur de cabinet de la ministre de l'Economie, Christine Lagarde. De mĂȘme toujours selon "LibĂ©ration", le cabinet d'Eric Woerth aurait Ă©tĂ© contactĂ© par Claude GuĂ©ant, cherchant Ă  s'assurer que le dossier Ă©tait traitĂ©. Claude GuĂ©ant, bras-droit de Nicolas Sarkozy, Ă©tait alors secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'ElysĂ©e. La vente de l'hippodrome de CompiĂšgne L'ancien ministre du budget est entendu par la CJR depuis jeudi 24 octobre, sur la vente contestĂ©e de l'hippodrome de CompiĂšgne. La justice se penche sur la dĂ©cision, prise le 16 mars 2010 par l'Ă©lu de l'Oise, alors ministre du Budget, de valider par arrĂȘtĂ© la vente de grĂ© Ă  grĂ© d'une parcelle de 57 hectares de la forĂȘt de CompiĂšgne, comportant un golf et un hippodrome, Ă  la SociĂ©tĂ© des courses de CompiĂšgne, pour la somme de 2,5 millions d'euros. Une dĂ©cision prise malgrĂ© l'opposition de responsables de l'Office national des forĂȘts ONF et les rĂ©serves du ministĂšre de l' suite aprĂšs la publicitĂ© Argument de ceux qui contestent la vente, celle-ci irait Ă  l'encontre des textes en vigueur, qui prĂ©voient que les parcelles du domaine forestier de l'Etat ne peuvent ĂȘtre cĂ©dĂ©es qu'aprĂšs le vote d'une loi au Parlement. L'absence de mise en concurrence est Ă©galement dĂ©noncĂ©e. Mais le nƓud de l'affaire est le prix de cession du terrain. "Conforme Ă  l'estimation des Domaines" affirmait Eric Woerth en 2010. Mais en mai dernier, le rapporteur public du tribunal administratif de Paris, saisi par un syndicat d'agents forestiers, fait Ă©tat "d'une expertise judiciaire rĂ©alisĂ©e sur instruction" de la CJR qui laisserait "apparaĂźtre une valeur de 13 millions d'euros", susceptible d'ĂȘtre ramenĂ©e Ă  8,3 millions. Dans les deux cas, on est loin des 2,5 millions d'euros. Alors que le Snupfen syndicat d'agents forestiers et le rapporteur public ont chacun lancĂ© une action demandant l'annulation de la vente, l'ancien ministre risque une mise en examen pour prise illĂ©gale d'intĂ©rĂȘt. Cette fois-ci, Eric Woerth semble bien ĂȘtre le principal et unique mis en cause de l'affaire. Mathieu CantornĂ©, avec agences

l affaire du 7 rue de m