Pourcomprendre les Ɠuvres de Michel, il faut avant tout connaitre son histoire et celle de son temps, celle d’un homme Ă  l’enfance libre, Ă©levĂ© dans les contrĂ©es du BrĂ©sil, qui s’engageait en 1942 avant mĂȘme d’avoir l’ñge requis, dans les Forces Navales Françaises Libres. Exalterla nature spirituelle de l'homme par Mathieu Larnaudie. A 14h : ConfĂ©rence "Autour du dialogue des CarmĂ©lites par Sylvie Germain A 14h45 : ConfĂ©rence "Bernanons face Ă  ses dĂ©mons, Monsieur Ouine par Jean-marie Chevrier A 15h30 : Table ronde "La question de la grĂące, une attitude pascalienne" A 16h30 : ConfĂ©rence "Nouvelle Histoire de Mouchette par Maylis de MonpĂšre a consacrĂ© sa vie Ă  l’Ɠuvre de Bernanos. Il est lui-mĂȘme devenu Ă©crivain, comme son frĂšre Michel. L’histoire et les mots de Bernanos faisaient partie de notre quotidien bien avant que nous ne lisions ses livres. Pour autant, il n’était pas une « figure tutĂ©laire » mais un GeorgesBernanos, histoire d’un homme libre Un Court-mĂ©trage de Yves Bernanos, Jean-Pascal Hattu Produit par Real Productions AnnĂ©e de production : 2019 Synopsis Figure littĂ©raire majeure du XXe siĂšcle et tĂ©moin engagĂ© dans Georges Bernanos Histoire d'un homme libre" (52') un film de Jean-Pascal Hattu et Yves Bernanos. Georges Bernanos compte parmi les grandes figures littĂ©raires du 20Ăšme siĂšcle. TĂ©moin engagĂ© dans les grands Ă©vĂ©nements de son temps, il a aussi Ă©tĂ© un lanceur d’alerte et un visionnaire. Toute sa vie durant, en France, en Espagne ou au BrĂ©sil, il combat les GeorgesBernanos Histoire d’un homme libre Un documentaire de Yves Bernanos et Jean-Pascal Hattu 2019 – France – 52 minutes – HD Georges Bernanos compte parmi les grandes figures littĂ©raires du 20Ăšme siĂšcle. TĂ©moin engagĂ© dans les grands Ă©vĂ©nements de son temps, il a aussi Ă©tĂ© un lanceur d’alerte et un visionnaire. . Georges Bernanos RFL. Il n’est pas possible de clore l’histoire des ComitĂ©s de la France Libre Ă  l’étranger de 1940 Ă  1944, sans Ă©voquer la mĂ©moire de Georges Bernanos dont le nom reste attachĂ© Ă  l’esprit de rĂ©volte et de rĂ©sistance qui anima ces ComitĂ©s. Georges Bernanos fut en Ă©troit contact avec le ComitĂ© Central du BrĂ©sil, prenant, Ă  certaines discussions, la part active qui convenait Ă  son tempĂ©rament et Ă  ses convictions. Mais son influence s’étendit bien au delĂ  des frontiĂšres du BrĂ©sil le ComitĂ© de Rio de Janeiro assurait les liaisons entre Bernanos et les journaux de la F. L. dans le monde ou avec les ComitĂ©s qui publiaient un peu partout ses articles retentissants. À les relire, on revit le passĂ© qui commençait Ă  s’estomper, On revoit les chemins parcourus, on retrouve ces propos qui ont conservĂ© tout leur sens, toute leur vĂ©ritĂ© Ce dĂ©sastre est unique dans notre histoire, Ă©crivait-il en juin 1940, il faut que la rĂ©paration le soit aussi. Elle le sera. Nous allons reprendre notre tĂąche, recommencer par le commencement
 puisque nous n’avons pu user la guerre allemande, nous userons la paix allemande, nous mettrons le temps qu’il faudra
 ». Chemin de la Croix des Âmes, p. 25, article paru dans O Jornal » Ă  Rio de Janeiro. Son ardeur, cependant, ne lui fait pas oublier les contingences humaines ; alors que tout est perdu, que la plupart des ĂȘtres s’abandonnent, s’il reste confiant dans la victoire finale, il sait aussi qu’à son approche beaucoup d’hĂ©sitants voleront Ă  son secours. Et en juillet 1940, il Ă©crit Ă  un Ambassadeur de France Je ne vous demande pas, Monsieur l’Ambassadeur, d’approuver mes campagnes. Ne les approuvez pas, dĂ©sapprouvez-les mĂȘme. En tolĂ©rant seulement, vous vous rĂ©servez la possibilitĂ© de les utiliser le moment venu. Le moment viendra. » Chemin de la Croix des Âmes, page 32. Le secret de son attitude, il le dĂ©voile lui-mĂȘme en Ă©crivant sa conviction. La France n’acceptera pas la honte
 Mon pays ne se relĂšvera pas, ne se retrouvera pas aprĂšs la victoire, il faut, qu’il se retrouve avant – il faut qu’il se sauve lui-mĂȘme, alors qu’il en est temps encore. » Lettre aux Anglais, page 94. J’appartiens Ă  une gĂ©nĂ©ration qui a donnĂ© deux millions d’hommes Ă  l’honneur et Ă  la patrie. Rien – rien – rien, ne nous empĂȘchera maintenant de remplir notre devoir non seulement envers la France, mais encore envers toute une civilisation menacĂ©e, moins par la force que par le mensonge – rien ne nous empĂȘchera de remonter, de responsables en responsables, jusqu’aux premiers responsables, ceux Ă  qui nous pourrons demander Qu’avez-vous fait de l’honneur de la Patrie ? » Chemin de la Croix des Âmes, page 55, article paru en octobre 1940. En dĂ©cembre 1940, dans son bulletin n° 5, le ComitĂ© de Buenos-Aires publiait un article oĂč Georges Bernanos dĂ©finissait ainsi le sens, la raison d’ĂȘtre des ComitĂ©s de la France Libre Ă  l’étranger. Ce bulletin n’est pas un journal comme les autres, ou plutĂŽt ce n’est pas un journal du tout, c’est une entreprise commune, une maison ouverte Ă  tous, comme n’importe quelle maison de nos villages et qui ne se distinguerait pas des autres s’il n’y flottait le drapeau tricolore. Y entre qui veut, pourvu qu’il ait au cƓur le sens de l’honneur français, qu’il ait compris, une fois pour toutes, que l’honneur d’Un peuple est le capital des morts dont les vivants n’ont que l’usufruit
 
 Il n’y a qu’un seul honneur pour tout le monde et devant la politique du ComitĂ© de Vichy, le sentiment est le mĂȘme qu’on l’exprime en style noble ou en langage vulgaire. Qu’on dise C’est infĂąme» ou C’est dĂ©gueulasse » qu’importe. Je ne veux plus croire qu’à l’honneur français. L’honneur ne s’enseigne pas et tous les gĂ©nies littĂ©raires du monde ne rĂ©ussiraient pas Ă  le donner Ă  qui en manque, Ă  le retirer Ă  qui le possĂšde, Ă  qui le porte dans sa chair et dans son sang. Je ne crois plus qu’à l’honneur français et – rĂ©ellement – je ne vis plus que pour le venger. » En mars 1943, peinĂ© et déçu des difficultĂ©s anglo-amĂ©ricaines qu’il rencontre pour faire paraĂźtre un article, Georges Bernanos Ă©crit Voici mon article pour La Marseillaise. Le dernier avait Ă©tĂ© d’abord censurĂ©, puis il a paru aprĂšs quelques modifications. Je me dĂ©cide Ă  Ă©crire celui-ci aprĂšs avoir reçu deux cĂąbles de Londres. Jamais je n’ai mieux et plus profondĂ©ment senti l’humiliation de la France, et le tort immense fait Ă  notre dignitĂ© et Ă  notre honneur par les bien-pensants de Vichy. Jamais je n’ai mieux compris le service rendu par des gens comme vous. » Mais en juin 1943, devant le dĂ©roulement des Ă©vĂ©nements, Bernanos ne peut s’empĂȘcher de clamer Ă  nouveau la ferveur de son idĂ©al. Français, on nous somme d’oublier. ce qui nous divise, il ne faudrait pas qu’au terme de cet effort, nous finissions par nous oublier nous-mĂȘmes. Français, si nous voulons repartir vers l’avenir, il est indispensable de choisir dans le passĂ©, un point de rassemblement. Eh bien, l’Histoire de France vous attend tous, au seuil du 18 Juin 1940. VoilĂ  ce que je voulais vous dire. Pour l’Histoire, ce jour n’est pas celui de l’armistice, l’armistice est un fait Ă©norme et sans valeur inutilisable pour elle, un gigantesque fƓtus, gros comme une montagne. Le 18 Juin 1940 est ce jour oĂč un homme prĂ©destinĂ© – que vous l’eussiez choisi ou non, qu’importe, l’Histoire vous le donne – oĂč cet homme a, d’un mot qui annulait la dĂ©route, maintenu la France dans la guerre. Français, ceux qui essaient de, vous faire croire que ce jour et cet homme n’appartiennent pas Ă  tous les Français se trompent ou vous trompent. » MalgrĂ© toute son ardeur, son enthousiasme, il ne cherche pas Ă  se tromper, lui-mĂȘme ou Ă  tromper ses amis, et il s’exprime avec ce ton familier et dĂ©sabusĂ© qui marquait souvent ses propos RĂ©conciliation est un grand motet on en a plein la bouche
 Je sais parfaitement que la RĂ©conciliation devra se faire. Je sais parfaitement qu’elle se fera aux dĂ©pens des hommes sincĂšres, en faveur des attentistes et des combinards. Telle est la loi de l’Histoire, et nous n’y changerons rien. Mais notre rĂŽle est prĂ©cisĂ©ment de retarder ce dĂ©nouement inĂ©vitable jusqu’au jour oĂč, par notre effort et notre exemple, la France effondrĂ©e de l’armistice aura retrouvĂ© assez d’honneur pour pouvoir en perdre sans grand dommage. » Et en 1945, les hostilitĂ©s Ă©tant terminĂ©es, c’est en ces termes que Bernanos rendait hommage Ă  l’action des ComitĂ©s Vous avez bien servi la France. Je dis la France, celle d’hier et celle de demain, la France Immortelle. Car cette France d’aujourd’hui Ă  laquelle nous appartenons, premiĂšrement par la chair, puisque nous y sommes nĂ©s, que nous n’avons pas encore achevĂ© d’y mourir, elle est la France, certes, mais une France oĂč se trouvent Ă©troitement mĂȘlĂ©s le bon et le mauvais, le pĂ©rissable et l’impĂ©rissable. De la France d’aujourd’hui, vous vous ĂȘtes efforcĂ©s de servir la part impĂ©rissable. Ce service ne va pas sans dĂ©ception. Vous avez acceptĂ© ces dĂ©ceptions par avance. La France pĂ©rissable, celle des combinaisons politiques et des partis, destinĂ©e Ă  disparaĂźtre, en mĂȘme temps que les gĂ©nĂ©rations qui la constituent, vous aurait demandĂ© beaucoup moins de sacrifices pour de considĂ©rables profits ; n’importe, les Ă©vĂ©nements vous ont donnĂ© raison, ils ont donnĂ© raison Ă  vous et Ă  l’honneur. » Cela devrait clore le dĂ©bat. J. H. Extrait de la Revue de la France Libre, n° 126, juin 1960. Georges Bernanos n’en finit pas de bouleverser. AssurĂ©ment un des Ă©crivains catholiques les plus marquants du XXe siĂšcle, il est Ă  l’origine de grands classiques tels que Sous le Soleil de Satan 1926, Dialogue des carmĂ©lites 1949, La France contre les robots 1947 ou encore Journal d’un curĂ© de campagne 1936. Mais son Ɠuvre fourmille Ă©galement de nombreuses perles et rĂ©flexions sur la foi et la spiritualitĂ©. En 1947, Ă  l’occasion de la Toussaint, c’est sĂ»r nos amis les saints » que l’écrivain a dĂ©cidĂ© de s’exprimer. Nos amis les saints
 Ces grandes destinĂ©es Ă©chappent, plus que toutes les autres, Ă  n’importe quel dĂ©terminisme elles rayonnent, elles resplendissent d’une Ă©clatante libertĂ© », Ă©crit-il. Mais ils ne sont pas pour autant des surhommes et des surfemmes. Ils sont les plus humains des plus humains », rappelle-t-il. Parce que chacun est appelĂ© Ă  la saintetĂ© ici et maintenant, tel qu’il est et lĂ  oĂč il est, il peut ĂȘtre bon de commencer par relire cet extrait de Georges Bernanos pour nous stimuler sur ce chemin !L’Église est une maison de famille, une maison paternelle, et il y a toujours du dĂ©sordre dans ces maisons-lĂ , les chaises ont parfois un pied de moins, les tables sont tachĂ©es d’encre, et les pots de confitures se vident tout seuls dans les armoires
 La maison de Dieu est une maison d’hommes et non de surhommes. Les chrĂ©tiens ne sont pas des surhommes. Les saints pas davantage, ou moins encore, puisqu’ils sont les plus humains des humains. Les saints ne sont pas sublimes, ils n’ont pas besoin du sublime, c’est le sublime qui aurait plutĂŽt besoin d’eux. Les saints ne sont pas des hĂ©ros, Ă  la maniĂšre des hĂ©ros de Plutarque. Un hĂ©ros nous donne l’illusion de dĂ©passer l’humanitĂ©, le saint ne la dĂ©passe pas, il l’assume, il s’efforce de la rĂ©aliser le mieux possible, comprenez-vous la diffĂ©rence ? Il s’efforce d’approcher le plus prĂšs possible de son modĂšle JĂ©sus-Christ, c’est-Ă -dire de Celui qui a Ă©tĂ© parfaitement homme, avec une simplicitĂ© parfaite, au point, prĂ©cisĂ©ment, de dĂ©concerter les hĂ©ros en rassurant les autres, car le Christ n’est pas mort seulement pour les hĂ©ros, il est mort aussi pour les lĂąches. [
] le Christ veut bien ouvrir Ă  ses martyrs la voie glorieuse d’un trĂ©pas sans peur, mais il veut aussi prĂ©cĂ©der chacun de nous dans les tĂ©nĂšbres de l’angoisse mortelle. La main ferme, impavide, peut au dernier pas chercher appui sur son Ă©paule, mais la main qui tremble est sĂ»re de rencontrer la sienne [
] Nous sommes créés Ă  l’image et Ă  la ressemblance de Dieu, parce que nous sommes capables d’aimer. Les saints ont le gĂ©nie de l’amour. Oh ! remarquez-le, il n’en est pas de ce gĂ©nie-lĂ  comme de celui de l’artiste, par exemple, qui est le privilĂšge d’un trĂšs petit nombre. Il serait plus exact de dire que le saint est l’homme qui sait trouver en lui, faire jaillir des profondeurs de son ĂȘtre, l’eau dont le Christ parlait Ă  la Samaritaine Ceux qui en boivent n’ont jamais soif
 » Elle est lĂ  en chacun de nous, la citerne profonde ouverte sous le ciel. Sans doute, la surface en est encombrĂ©e de dĂ©bris, de branches brisĂ©es, de feuilles mortes, d’oĂč monte une odeur de mort. Sur elle brille une sorte de lumiĂšre froide et dure, qui est celle de l’intelligence raisonneuse. Mais au-dessous de cette couche malsaine, l’eau est tout de suite si limpide et si pure ! Encore un peu plus profond, et l’ñme se retrouve dans son Ă©lĂ©ment natal, infiniment plus pur que l’eau la plus pure, cette lumiĂšre incréée qui baigne la crĂ©ation tout entiĂšre – en Lui Ă©tait la Vie, et la Vie Ă©tait la lumiĂšre des hommes – in ipso Vita erat et Vita erat lux hominum. Dans le cadre d'un colloque au sanctuaire de Pellevoisin Indre intitulĂ© "Bernanos la jeunesse, espĂ©rance et saintetĂ©" qui se tient Ă  l’occasion du soixante-dixiĂšme anniversaire de la mort de l’écrivain, Henri Quantin expose l’esprit d’enfance chez l’auteur de "Mouchette " la fidĂ©litĂ© Ă  l’enfant qu’on a Ă©tĂ© consiste Ă  ne pas faire taire cet appel de l’"esprit d’hĂ©roĂŻsme", Ă  rĂ©sister par-dessus tout au le portefeuille d’un mort n’est pas toujours crapuleux et peut ĂȘtre instructif. Que trouve-t-on dans celui de Bernanos ? De l’argent ? Il n’en eut pas beaucoup et chercha toute sa vie, du Paraguay Ă  la Tunisie, un royaume oĂč la finance n’étoufferait pas sa famille. Une carte de parti politique ? Impensable ! Lui qui voulait faire ronfler [s]a fronde aux naseaux morveux du bƓuf gras de la droite », refusait du mĂȘme Ă©lan que la gauche lui tape sur le ventre comme si nous avions violĂ© ensemble les bonnes sƓurs de Barcelone, ou fait ensemble nos petits besoins dans les ciboires ». Le portefeuille rassurera-t-il au moins le dĂ©mocrate-chrĂ©tien en livrant une carte d’électeur ? Nouveau chou blanc ce royaliste du Royaume de Dieu estimait que le vote rĂ©publicain pourrait ĂȘtre remplacĂ© sans dommage par un tirage Ă  la courte-paille. Le plus instructif sera-t-il donc ce qui manque ? Les espaces vides suggĂšrent de fait la luciditĂ© de Bernanos vis-Ă -vis de toutes les idoles de son temps et du nĂŽtre l’argent, les idĂ©ologies, la dĂ©mocratie aussi Bernanos, les hommes libres et Nos amis les saints »L’hommage de la Vierge rouge »Pourtant, le contenu de ce portefeuille rĂ©vĂšle aussi ce que l’auteur des Grands cimetiĂšres sous la lune voulut garder jusqu’au bout contre son cƓur une lettre de Simone Weil, Ă©crite dix ans plus tĂŽt, en 1938, pendant la Guerre d’Espagne Je ne puis citer personne, hors vous seul, qui Ă  ma connaissance, ait baignĂ© dans l’atmosphĂšre de la guerre espagnole et y ait rĂ©sistĂ©. Vous ĂȘtes royaliste, disciple de Drumont — que m’importe ? Vous m’ĂȘtes plus proche, sans comparaison, que mes camarades des milices d’Aragon — ces camarades que, pourtant, j’aimais. »Beau compliment fait Ă  un ancien camelot du Roi par une vierge rouge » d’origine juive qu’un rapport de police qualifia de moscoutaire militante » ! Étendons l’éloge et voyons en Bernanos un rĂ©sistant Ă  tous les bains, affreusement glacĂ©s ou langoureusement tiĂšdes, oĂč il fĂ»t plongĂ©. Son gĂ©nie est d’avoir menĂ© tous les combats de son siĂšcle sans jamais sombrer ni dans la haine du guerrier assoiffĂ© de sang, ni dans l’embourgeoisement de l’ancien combattant. C’est un homme qui fait face, parce qu’il n’oublie jamais de contempler la sainte Face, un prophĂšte qui lutte dans les mĂȘlĂ©es du monde qui passe, mais toujours en tĂ©moin de ce qui demeure. Prisonnier de la sainte agonie », c’est un esprit libre au milieu des partisans de tout poil, qui tentĂšrent en vain de l’enrĂŽler sous leurs banniĂšres, mais qui ne purent se l’annexer qu’aprĂšs sa qui a rĂ©sistĂ©Bernanos, l’homme qui a rĂ©sistĂ©. RĂ©sister, plutĂŽt que faire de la rĂ©sistance », formule qui sent un peu son papy ». Il y a des rĂ©sistants de la derniĂšre heure. Bernanos, lui, rĂ©siste avant, pendant et aprĂšs la guerre. Il n’a pas la naĂŻvetĂ© de croire qu’il suffit de dĂ©noncer le mal d’un camp pour ĂȘtre un homme de Bien. En 1937, il rĂ©siste Ă  l’aveuglement clĂ©rical qui donnait raison sans examen aux Ă©vĂȘques espagnols bĂ©nissant la supposĂ©e croisade franquiste, comme d’autres ont soutenu — soutiennent encore ? — des prĂȘtres pĂ©dophiles. En 1945, il rĂ©siste de mĂȘme Ă  une paix trompeuse livrant le monde aux machines. Alors que d’autres fĂȘtent encore le progrĂšs qui libĂšre, il pressent la naissance d’un nouvel asservissement, dĂ©sormais fondĂ© sur l’informatique et l’information. Dans le monde qui vient, note-t-il gĂ©nialement, on sera au courant de tout et on ne comprendra rien. Au milieu de l’euphorie collective, il est un des seuls Ă  oser la question la LibĂ©ration, pour quoi faire ?Lire aussi Georges Bernanos, l’éternel Ă  bras-le-corpsLe chrĂ©tien Bernanos sait en outre que le Mal n’attaque pas que la civilisation, mais qu’il ronge tout homme comme un cancer sournois. La leçon unique de ce soldat du Christ est de se battre avec la mĂȘme passion sur deux champs de batailles surnaturels les conflits guerriers et politiques du siĂšcle, les luttes intĂ©rieures oĂč les assauts du Malin ne sont pas moindres. D’oĂč cette clĂ© de lecture qu’il donne en passant au pĂšre Bruckberger Mouchette, c’est la guerre d’Espagne. »FidĂ©litĂ© Ă  l’enfanceComment comprendre ce rapprochement entre un conflit mondial et un personnage romanesque, une jeune fille Ă©prise d’absolu qui se suicide ? Il s’agit tout simplement des deux faces d’une mĂȘme trahison, dont la victime est toujours l’enfant trahison de l’enfance de l’Europe que fut une chrĂ©tientĂ© chevaleresque, lorsque la guerre n’était pas encore une arme de destruction massive anonyme ; trahison de l’enfance de tout homme, cet Ăąge du refus du compromis avant les petits arrangements d’adultes avec la vĂ©ritĂ©. Qu’importe ma vie ! Je veux seulement qu’elle reste fidĂšle Ă  l’enfant que je fus. » Pour la France comme pour un homme, tout est dans la fidĂ©litĂ© aux promesses bien on est Ă  des annĂ©es-lumiĂšre de l’infantilisme bĂȘtifiant d’un PrĂ©vert. L’enfance d’un homme n’est pas une fuite dans le merveilleux gentillet, elle est le moment de l’émergence d’une possible vie intĂ©rieure Il est rare qu’un enfant n’ait pas eu, ne fĂ»t-ce qu’à l’état embryonnaire — une espĂšce de vie intĂ©rieure, au sens chrĂ©tien du mot. Un jour ou l’autre, l’élan de sa jeune vie a Ă©tĂ© plus fort, l’esprit d’hĂ©roĂŻsme a remuĂ© au fond de son cƓur innocent. Pas beaucoup, peut-ĂȘtre, juste assez cependant pour que le petit ĂȘtre ait vaguement entrevu, parfois obscurĂ©ment acceptĂ©, le risque immense du salut, qui fait tout le divin de l’existence humaine. Il a su quelque chose du bien et du mal, une notion du bien et du mal pure de tout alliage, encore ignorante des disciplines et des habitudes sociales. »Lire aussi Les cinq ouvrages de Georges Bernanos Ă  lire absolumentLa fidĂ©litĂ© Ă  l’enfant qu’on a Ă©tĂ© consiste Ă  ne pas faire taire cet appel de l’ esprit d’hĂ©roĂŻsme », Ă  ne pas rebrousser chemin devant ce risque immense du salut ». Rien Ă  voir avec un jeunisme dĂ©magogique. L’enfance n’est pas le passĂ© rĂ©gressif de l’homme ; elle est l’appel de la saintetĂ© jusqu’à l’agonie. Malheureux l’homme qui croit que son enfance est derriĂšre lui. Malheureux ceux qui ont bĂąillonnĂ© l’enfant qui criait en eux Combien d’hommes n’auront jamais l’idĂ©e de l’hĂ©roĂŻsme surnaturel, sans quoi il n’est pas de vie intĂ©rieure ! Et c’est justement sur cette vie-lĂ  qu’ils seront jugĂ©s. [
] Alors dĂ©pouillĂ©s par la mort de tous ces membres artificiels que la sociĂ©tĂ© fournit aux gens de leur espĂšce, ils se retrouveront tels qu’ils sont, qu’ils Ă©taient Ă  leur insu — d’affreux monstres non dĂ©veloppĂ©s, des moignons d’hommes. »RĂ©sister par-dessus tout au dĂ©sespoirL’hĂ©roĂŻsme d’un homme est de ne pas humilier l’enfant qu’il fut. Pour cela, il lui faut rĂ©sister Ă  bien des hommes mĂ»rs, y compris et surtout Ă  celui qu’il est par-dessus tout, Ă  la tentation du dĂ©sespoir, ce dĂ©mon de l’à quoi bon ? » que Bernanos entendait jusqu’à l’angoisse, comme Ă©crivain et comme chrĂ©tien, comme l’entendent aussi tous les personnages de ses romans, de Mouchette au curĂ© de campagne. Car l’espĂ©rance n’est pas un optimisme, mais un dĂ©sespoir surmontĂ©. Pour celui qui a une vie intĂ©rieure, l’existence n’est rien d’autre que ce combat pied Ă  pied avec l’angoisse, qui commence dĂšs les premiĂšres annĂ©es d’une vie Une fois sortie de l’enfance, il faut trĂšs longtemps souffrir pour y rentrer, comme tout au bout de la nuit on retrouve une autre aurore. »Bref, l’enfant est Ă  la fois la promesse d’éternitĂ© de l’homme et son meilleur rempart contre lui-mĂȘme. Rempart, et non garde-fou, car il faut beaucoup de jeunes fous pour faire un peuple hĂ©roĂŻque ». Le monde n’a pas besoin d’hommes sages qui conservent, ces moignons conservateurs, mais d’enfants fous qui Bernanos la jeunesse, espĂ©rance et saintetĂ© »,Sanctuaire de Pellevoisin, 17 novembre 2018, 20h 45. RĂ©servation et renseignements. 1Au regard du nombre d’études portant sur les connecteurs, il est assez surprenant de constater que la locution prĂ©positive » [1] histoire de n’a non seulement jamais fait l’objet d’une Ă©tude particuliĂšre, mais, plus encore, est trĂšs souvent absente des diffĂ©rentes listes de connecteurs dit argumentatifs », que ces listes soient proposĂ©es dans les Ă©tudes sur la notion mĂȘme de connecteur, ou dans celles sur la locution prĂ©positive, ou encore dans celles sur la grammaticalisation. Ainsi, l’ouvrage rĂ©cent de Gross et Prandi 2004 dont un des nombreux mĂ©rites est de montrer la grande diversitĂ© des moyens d’expression de la finalitĂ©, ne recense pas ce connecteur, pourtant d’un emploi courant Ă  l’ article [2] propose donc un examen de histoire de tant au niveau de la caractĂ©risation de son statut catĂ©goriel – qui pose, comme nous le verrons, de multiples problĂšmes – qu’au niveau de son fonctionnement discursif. Pour ce dernier point, la base Frantext non catĂ©gorisĂ©e constitue un observatoire bien commode, qui permettra non seulement de dater les premiers emplois de la forme elle-mĂȘme, mais de repĂ©rer Ă©galement des formes sƓurs » par exemple l’histoire de rire, d’analyser les contextes Ă©nonciatifs, et enfin d’identifier les caractĂ©ristiques sĂ©mantiques des co-occurrences essentiellement le prĂ©dicat infinitival Ă  droite de l’expression. La nature de ces co-occurrences se rĂ©vĂ©lera fondamentale pour aborder l’interprĂ©tation du Statut Quelle dĂ©nomination pour quel statut ?3Histoire de est identifiĂ© comme locution prĂ©positive par la plupart des dictionnaires et les rares travaux de linguistique qui mentionnent ce connecteur par ex. MĂ©lis 2003. Apparemment, ce statut grammatical ne donne pas lieu Ă  dĂ©bat, si on suppose qu’une locution prĂ©positive se dĂ©finit intuitivement comme une suite de mots formant une unitĂ© qui remplit en tant que telle la fonction d’une prĂ©position MĂ©lis 2003, 109. On peut dans un premier temps considĂ©rer que histoire de est constituĂ© d’une suite polylexicale formant un tout enregistrĂ© comme tel dans les dictionnaires, composĂ©e du nominal histoire et de la prĂ©position de. La locution est donnĂ©e comme Ă©quivalent fonctionnel de pour par ex. Le Petit Robert – sans qu’il y ait nĂ©cessairement rĂ©ciprocitĂ©, mĂȘme si les exemples ci-dessus montrent une construction diffĂ©rente une construction liĂ©e » avec pour, une construction dĂ©tachĂ©e avec histoire de 1Nous irons au cirque pour nous changer les idĂ©es1’Nous irons au cirque, histoire de nous changer les idĂ©es4Dans ce qui suit, nous remettons en cause, pour deux raisons, le terme de locution prĂ©positive appliquĂ© comme dĂ©signateur de histoire premiĂšre raison a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©voquĂ©e pour d’autres connecteurs ; par exemple Gross et Prandi 2004 Ă  propos de afin de et de afin que rappellent que la diffĂ©rence entre ces deux formes n’est pas imposĂ©e par une nature grammaticale distincte locution prĂ©positive et locution conjonctive, mais par une contrainte sĂ©mantico-grammaticale bien connue la corĂ©fĂ©rence ou non entre le sujet de la principale et celui de la subordonnĂ©e. De ce fait, il n’y a pas de diffĂ©rence de nature entre afin de et afin que. Le raisonnement vaut Ă©videmment pour histoire de et histoire que [3]. On perçoit donc une limite Ă  la terminologie classique qui, en s’appuyant sur des critĂšres morphologiques plutĂŽt que fonctionnels, oblitĂšre le fait que nous avons affaire Ă  un mĂȘme type qui se rĂ©alise de deux façons second point a trait Ă  l’élĂ©ment de » dans la composition histoire de. Nous considĂ©rons, au vu de la remarque prĂ©cĂ©dente, cet Ă©lĂ©ment comme un complĂ©menteur plutĂŽt que comme une prĂ©position pleine. Mais la question importante est de savoir si ce complĂ©menteur est vĂ©ritablement constitutif de la locution ; ou, dit autrement, si histoireet de forment bien un tout, une locution. Adler 2001 a attirĂ© l’attention sur ce problĂšme Ă  propos de locutions prĂ©positives » autres que histoire de, en s’appuyant sur une argumentation qui s’applique Ă©galement ici. Un certain nombre de tests simples appliquĂ©s Ă  Ă  cause de, au lieu de, en dĂ©pit de montrent que de ne peut vĂ©ritablement ĂȘtre considĂ©rĂ© comme faisant partie de ces locutions il est seulement sĂ©lectionnĂ©, de mĂȘme que les verbes transitifs indirects ou les adjectifs dits “transitifs” apte Ă , capable de sĂ©lectionnent leur prĂ©position, et Ă  travers elle, rĂ©gissent un complĂ©ment » Adler 2001, 162. Ainsi, la coordination ex. 2 et 2’, l’emploi d’une expression extraprĂ©dicative ex. 3 et 3’, ou encore l’alternance avec que selon la co-rĂ©fĂ©rence ou non entre les deux sujets.2Il a rĂ©ussi en dĂ©pit de sa maladie et de son Ă©tat moral ex. d’Adler2’Cette derniĂšre voiture s’arrĂȘta sur la route, Tron ayant accompagnĂ© l’autre jusqu’au parc, Ă  travers le chaume, sous le prĂ©texte de donner un coup de main histoire de flĂąner et de causer un instant. É. Zola, La Terre, 18873Il a rĂ©ussi en dĂ©pit, d’ailleurs / dit-il, de sa maladie. ex. d’Adler3’Cette derniĂšre voiture s’arrĂȘta sur la route, Tron ayant accompagnĂ© l’autre jusqu’au parc, Ă  travers le chaume, sous le prĂ©texte de donner un coup de main histoire, d’ailleurs / dit-il, de flĂąner et de causer un exemples ci-dessus indiquent que de » n’est pas soudĂ©, mais seulement gouvernĂ©. De lĂ , on ne peut le considĂ©rer raisonnablement comme Ă©lĂ©ment de la locution. Si la notion de locution peut rester pertinente pour en dĂ©pit, au lieu, etc., en raison de la premiĂšre prĂ©position qui, elle, reste soudĂ©e mais cette perspective n’est pas celle de Adler qui a une conception de la locution comme construction figĂ©e Ă  des degrĂ©s divers – l’auteur prĂ©fĂšre donc parler de prĂ©positions simples pour Ă  cause, au lieu, en dĂ©pit, elle n’est plus du tout pertinente pour histoire difficile, en effet, de considĂ©rer le morphĂšme histoire comme une voit bien le problĂšme terminologique que nous rencontrons d’une part, le terme de prĂ©position, ou mĂȘme l’adjectif prĂ©positive sont trop restrictifs dans la mesure oĂč, au regard de l’emploi conjonctif, on doit parler de rĂ©alisations diffĂ©rentes d’un mĂȘme type ; d’autre part, la notion de locution n’est plus pertinente. Nous parlerons donc simplement de connecteur, avec, Ă©videmment, les inconvĂ©nients bien connus d’un emploi trop FinalitĂ© ou causalitĂ© ?9Sans surprise, le discours lexicographique voit en histoire de [4] un introducteur de proposition finale. Mais l’idĂ©e de finalitĂ© inhĂ©rente Ă  histoire de semble insuffisante. Ainsi, le Dictionnaire du Français usuel de Picoche et Rolland, introduit la notion de justification 10Histoire de + verbe Ă  l’infinitif fam. explication donnĂ©e par A1 Ă  A2 pour justifier une action. J’ai agi ainsi, histoire de voir comment tu et justification sont des relations discursives relevant gĂ©nĂ©ralement de la cause ; par exemple, J. Hobbs 1990 fait de l’explication un cas de relation causale. Mais on peut trĂšs bien concevoir qu’une visĂ©e le procĂšs Y dans X, histoire de Y serve d’explication Ă  un acte X. Nous adopterons la catĂ©gorie aristotĂ©licienne [5] de cause finale pour caractĂ©riser la valeur de cohĂ©rence entre Y et X. En effet, comme nous l’avions montrĂ© dans Legallois 2006b, la valeur intentionnelle de X et la constitution de Y comme procĂšs Ă  rĂ©aliser cf. les formes infinitivales ou le subjonctif [6] doivent ĂȘtre compris selon le schĂ©ma tĂ©lĂ©ologique suivant L’intention de faire Y est Ă  l’origine de l’idĂ©e que Y est bien une motivation en mĂȘme temps que la cible de X. Ce schĂ©ma s’applique Ă©videmment Ă  d’autres connecteurs finaux, mais permet de prĂ©ciser le type de finalitĂ© dont il est question CaractĂ©ristiques13Si on considĂšre bien histoire de comme un mot grammatical, c’est en raison uniquement de son Ă©quivalence fonctionnelle avec les prĂ©positions pour recouvrement partiel, afin de, dans l’objectif de, dans le but de, dans l’intention de recouvrement total, et non pour son refus d’une modification adjectivale ou de la flexion du pluriel, puisque certains emplois nominaux observent la mĂȘme contrainte [7] ; par exemple 4Dans la * longue histoire, j’ai oubliĂ© mes clefs chez Jacques5C’est une * petite histoire de minutes14Mais histoire de est manifestement un hapax grammatical. Il est en effet peu envisageable de rapprocher sa forme d’une autre expression. Les prĂ©positions nominales, par exemple, ont un fonctionnement discursif diffĂ©rent [thĂ©matisation 6, caractĂ©risation 7] et sĂ©lectionnent un nom 6Question / point de vue / cĂŽtĂ© science-fiction, il en connaĂźt un rayon7Un film genre / style James Bond15Faute de + inf. possĂšde une forme proche dĂ©tachement et construction infinitive. NĂ©anmoins, la construction faute que + subj. ne semble pas recevable, et histoire de ne peut ĂȘtre suivi par un nom sauf l’exemple atypique de 9.16On pourrait Ă©galement comparer histoire de au connecteur crainte de / que il est composĂ© d’un Ă©lĂ©ment nominal sans dĂ©terminant, il gouverne une proposition, il est construit par dĂ©tachement. Mais quelques traits plus ou moins dĂ©cisifs l’en distinguent comme le remarquent Gross et Prandi 2004, crainte de est d’un emploi littĂ©raire, alors que histoire de est recensĂ© comme familier ; il y a effacement il s’agit en fait du cas le moins frĂ©quent d’une prĂ©position avant crainte de / que par crainte de / de crainte de ; histoire de ne peut ĂȘtre prĂ©cĂ©dĂ© d’une prĂ©position. De plus crainte de connaĂźt la concurrence de la locution apparentĂ©e dans la crainte de 8Les Français se sont dĂ©sistĂ©s, dans la crainte de dĂ©penses excĂ©dant leurs faibles revenus ex. de Gross et Prandi 2004,17Histoire de ne peut connaĂźtre une telle concurrence. Crainte de peut introduire un GN, ce qui n’est pas possible pour histoire de, exceptĂ© cet emploi particulier et unique Ă  notre connaissance relevĂ© par le TLF 9J’ai remis chez vous, en allant au chemin de fer, vos deux volumes non enveloppĂ©s, histoire de la grande prĂ©cipitation oĂč j’étais P. MĂ©rimĂ©e, Lettre Ă  une Inconnue, 1858, t. 2.18On peut considĂ©rer cet emploi purement causal comme un calque de faute de + N / crainte de + diffĂ©rence, morphologique celle-ci, crainte est un dĂ©verbal, ce qui n’est pas le cas d’histoire ; de plus, crainte reste sĂ©mantiquement transparent Gross et Prandi 2004 classent crainte de parmi les prĂ©dicats finaux de sentiment, alors que la signification de histoire est opaque dans cet concluons de ces observations rapides que histoire de constitue un hapax grammatical [8].2. Observation des occurrences dans la base Frantext21Nous avons procĂ©dĂ© au recensement exhaustif des 372 emplois du connecteur dans la base non catĂ©gorisĂ©e de Frantext. Ce recensement permet non seulement la datation des premiers emplois, mais Ă©galement de proposer quelques hypothĂšses sur la grammaticalisation du Datation des premiers emplois22La forme du premier emploi identifiĂ© est assez surprenante l’histoire de rire, 1831, avec donc une dĂ©termination ;10C’était, mon lieutenant, l’histoire de rire
 pour lors j’en arrĂȘte une par les cheveux et je l’embrasse
 E. Sue, Atar-Gull, 183123On trouve deux autres fois dans Frantext [9] cette mĂȘme forme Ă  la mĂȘme Ă©poque, dans le mĂȘme contexte des avances plus ou moins prononcĂ©es faites Ă  des femmes et dans la mĂȘme construction ; toujours chez Sue en 1843 11
si Alfred savait cela ?Ne m’en parlez pas, le sang me tourne rien que d’y songer. Alfred est jaloux comme un BĂ©douin ; et pourtant, de la part du pĂšre Joseph, c’est l’histoire de rire, en tout bien, tout honneur. E. Sue, Les MystĂšres de Paris, 184324Mais Ă©galement chez Sand 1844 12Ce baiser sur la main ne t’a pas offensĂ©e ?– Oh ! Je voyais bien que ce monsieur ne voulait pas m’offenser ; c’était l’histoire de rire. G. Sand, Jeanne, 184425On ne peut faire ici que des conjectures soit, il s’agit d’une modification idiosyncrasique du connecteur histoire de, et une remotivation du statut nominal de histoire. Cela dĂ©montrerait que histoire de est dĂ©jĂ  prĂ©sent dans le discours oral populaire avant 1830, sans ĂȘtre toutefois tout Ă  fait stabilisĂ©. Soit ces extraits tĂ©moignent d’une Ă©tape dans la grammaticalisation, la forme l’histoire de + infinitif dĂ©sormais disparue, dont nous n’avons que quelques attestations. Seul un examen plus prĂ©cis de la littĂ©rature populaire des annĂ©es 1820-1830 [10] pourrait ĂȘtre Ă©clairant, et permettrait d’argumenter en faveur de telle ou telle que la notion de grammaticalisation est, pour le cas de histoire de, sans doute mal appropriĂ©e puisqu’il est impossible d’observer avec certitude une forme libre constituant la base de cette autres occurrences, plus tardives, ont Ă©tĂ© repĂ©rĂ©es ; toujours dans le mĂȘme contexte 13ce n’est pas tant l’histoire de regarder les femmes. Chez nous autres, on peut ĂȘtre sauvĂ© malgrĂ© les femmes. Un rabbin peut avoir une femme. G. Duhamel, Le Jardin des bĂȘtes sauvages, 193428Ou dans un autre 14si le vent ne fraĂźchit pas trop, je viendrai peut-ĂȘtre vous rĂ©veiller cette nuit, pour l’histoire de rire, dit-elle. G. Bernanos, Un crime, 193529Ces emplois, certes trĂšs circonstanciĂ©s, pourraient avoir le mĂ©rite d’exhumer le passage d’une forme nominale figĂ©e Ă  la forme grammaticale, ainsi, d’ailleurs, que d’exhiber la tension entre les deux formes. L’exemple de Bernanos, difficile Ă  analyser en raison de son idiomaticitĂ©, semble ressusciter la prĂ©position causale pour, et plaiderait ainsi en faveur d’un effacement double prĂ©position et article dans le processus de grammaticalisation qui conserverait la trace de la causalitĂ©. Cependant, les exemples beaucoup plus anciens de Sue et Sand, donc plus prĂšs de l’origine du connecteur, ne sont pas construits avec pour. En fait, dans Legallois 2006b, nous avons montrĂ© que l’idĂ©e de causalitĂ©, mais aussi de finalitĂ©, est inhĂ©rente au morphĂšme histoire. Un double marquage apparaĂźt donc ailleurs, dans le roman de F. SouliĂ© Les MĂ©moires du diable 1837, on peut Ă©ventuellement miser sur un indice en faveur de l’apparition de la construction histoire de vers les annĂ©es 1820-1830 non seulement parce que le premier emploi sans dĂ©termination est identifiĂ© dans ce roman de 1837 ainsi que dans CĂ©sar Birotteau 1837 de Balzac, mais aussi parce qu’à plusieurs reprises, un personnage facĂ©tieux, prononce avant ses mĂ©faits, l’expression histoire de rire. Elle constitue, comme le prĂ©cise Ă  quatre reprises le narrateur, un infatigable refrain, un fameux mot qui devient diabolique 15ce mot rebutant qu’il jette comme moralitĂ© au bout de toutes ses actions ; ce mot histoire de rire ! est souvent aussi sombre que le mot du trappiste frĂšre, il faut mourir ! F. SouliĂ©, Les MĂ©moires du diable, 183731On peut penser que l’expressivitĂ© de ce mot » prononcĂ© aprĂšs que le personnage a produit des mauvaises actions, est redevable Ă  son emploi sarcastique et sardonique, mais Ă©galement Ă  sa rĂ©cence, Ă  un moment oĂč la grammaticalisation a certes opĂ©rĂ© mais oĂč la nouveautĂ© surprend encore. LĂ  encore, Ă©videmment, il s’agit d’une hypothĂšse de lecture. Nous notons encore l’usage unique dans ce roman, de la forme16Cependant toutes les farces de cet homme n’ont pas eu pour but une vengeance ; l’histoire de rire est le grand principe de ses tours. F. SouliĂ©, Les mĂ©moires du diable, 183732qui tĂ©moigne spectaculairement de la motivation nominale de la forme grammaticale. Le terme principe ici s’accorde bien avec l’idĂ©e relevĂ©e plus haut d’une cause premiĂšre, donc d’une cause Contextes Ă©nonciatifs33Tous les premiers emplois apparaissent dans du discours direct, et ont pour locuteurs des personnages du peuple » s’exprimant dans un français familier. Notons Ă©galement que ces occurrences se situent dans le roman populaire feuilletonesque Sue, SouliĂ©, ou bien dans le roman rĂ©aliste Balzac, et non dans la littĂ©rature romantique de la mĂȘme Ă©poque aucun emploi de histoire de chez Stendhal ou chez Hugo [11]. Tout cela atteste, s’il en est, du caractĂšre familier et oral de l’expression. Sauf erreur de notre part, le premier emploi identifiĂ© dans la narration avec un narrateur extradiĂ©gĂ©tique dans une narration sans je » – et non plus dans le discours direct – date de 1877, dans l’Assommoir de Zola Ă  sept reprises. Par exemple 17Le soir mĂȘme, le zingueur amena des camarades, un maçon, un menuisier, un peintre, de bons zigs qui feraient cette bricole-lĂ  aprĂšs leur journĂ©e, histoire de rendre service. É. Zola, L’Assommoir, 187734On constate que ces occurrences sont employĂ©es dans le discours indirect libre Dil. Le Dil, en plein essor Ă  cette Ă©poque, constitue, en ce qui concerne le texte Ă©crit, un procĂ©dĂ© puissant pour une promotion du connecteur il permet la transition d’un emploi oral, reprĂ©sentĂ© dans les dialogues, vers des emplois de plus en plus indĂ©pendants du dialogal d’abord dans le Dil, oĂč la voix Ă©nonciative est encore celle d’un personnage, puis dans la narration ou l’énonciateur est le narrateur extradiĂ©gĂ©tique. On peut penser que ce nouvel usage tĂ©moigne d’une diffusion massive et d’une bonne intĂ©gration du connecteur dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XIXe dans les Ă©crits DĂ©tachement35Mis Ă  part quelques cas de ponctuation particuliĂšre et la structure clivĂ©e qui procĂšde par elle-mĂȘme Ă  une sorte de dĂ©tachement c’est histoire de rire, toutes les occurrences recensĂ©es se manifestent dans des constructions dĂ©tachĂ©es [12]. Le dĂ©tachement est le plus souvent matĂ©rialisĂ© par une virgule, mais aussi par les parenthĂšses, les deux points, une phrase construction dĂ©tachĂ©e est l’indice d’une prise en charge Ă©nonciative ; on peut la considĂ©rer comme une reprĂ©sentation iconique d’un dĂ©crochage Ă©nonciatif. En effet, le dĂ©tachement permet de mimer une pause dĂ©libĂ©rative, un moment de rĂ©flexion conduisant Ă  re-Ă©valuer a posteriori X comme un procĂšs intentionnellement orientĂ© vers la rĂ©alisation de Y, d’oĂč l’effet de justification ou d’explication selon les contextes. Il ressort de cette observation que la responsabilitĂ© de la justification / explication par la cause finale incombe au locuteur, et non au rĂ©fĂ©rent sujet de la phrase sauf bien sĂ»r, si les deux coĂŻncident. Les co-occurrents37Outre le dĂ©tachement, un des points fondamentaux Ă  souligner est le type de prĂ©dicat Ă  l’infinitif. Ainsi, on observe que sur les 372 emplois, le verbe intransitif rire et ses synonymes apparaĂźt 64 fois [13], voir intransitif et ses synonymes 18 fois, causer intransitif et ses synonymes 17, passer le temps et ses synonymes 18 et boire / manger 13. MĂȘme si moins frĂ©quentes, d’autres co-occurrences sont observables se dĂ©gourdir les jambes, souffler
. Histoire de rire et les autres prĂ©dicats inconsistants » Y comme intention limitĂ©e38Histoire de rire [14] est employĂ© de façon massive ; on peut considĂ©rer qu’il s’agit d’une collocation Ă  l’entrĂ©e rire le Petit Robert et le TrĂ©sor de la Langue française informatisĂ© donnent histoire de rire. Incontestablement, tous les premiers emplois du connecteur sĂ©lectionnent le verbe rire et constituent une alternative Ă  pour rire, une autre collocation pour de rire apparaĂźt dans Frantext chez E. Sue, en 1845, soit approximativement Ă  la mĂȘme Ă©poque que histoire de. Dans cet emploi, rire mais aussi les autres co-occurrents rĂ©currents – boire / manger, voir, passer le temps, etc. constitue ce que nous appellerons un procĂšs inconsistant », c’est-Ă -dire un procĂšs qui ne possĂšde pas d’effets ou de consĂ©quences notoires. D’oĂč cette valeur si le procĂšs est inconsistant, l’intention qui est Ă  son origine ne peut ĂȘtre elle-mĂȘme qu’une intention simple. Ainsi, justifier l’action X par l’intention de rĂ©aliser un procĂšs inconsistant, permet de circonscrire X dans un cadre limitĂ©, sans effets pourrions aller jusqu’à dire que dans certains emplois, l’énonciateur n’essaye pas vĂ©ritablement de donner les explications ou justifications d’un procĂšs, mais qu’il les donne tout de mĂȘme, en manifestant cependant par l’emploi de motifs stĂ©rĂ©otypĂ©s son indiffĂ©rence ou son dĂ©tachement envers cette justification. C’est ce que montre, selon nous, l’emploi avec un complĂ©ment Ø de 25 cf. plus bas frĂ©quent Ă  l’ encore qu’un complĂ©ment inconsistant » est Ă©galement une valeur prĂ©sente dans certains emplois nominaux figĂ©s 18C’est une histoire de minutes19C’est l’histoire d’une minute ou deux20C’est l’histoire d’un ou deux couverts de plus41La quantification est nĂ©cessairement vue comme nĂ©gligeable, peu consistante », dans les emplois qu’il faudrait rapprocher de 10, 11, ailleurs, l’emploi relativement frĂ©quent 40 / 367 d’un quantificateur faible » ou d’un dĂ©terminant indĂ©fini est tout Ă  fait congruent avec la valeur d’inconsistance. Par exemple 21Histoire de prendre un peu l’air, je suis allĂ© manger un morceau en ville. Ph. Djian, 37˚2 le matin, 198522Il paraĂźt qu’il s’était mis en colĂšre une seule fois, mais de cette colĂšre contre un voisin qui avait dĂ©placĂ© les bornes d’un champ, histoire de gagner quelques mĂštres. J. Lanzmann, Le TĂȘtard, 197623Cette derniĂšre voiture s’arrĂȘta sur la route, Tron ayant accompagnĂ© l’autre jusqu’au parc, Ă  travers le chaume, sous le prĂ©texte de donner un coup de main histoire de flĂąner et de causer un instant. É. Zola, La Terre, 188724Histoire de lui acheter quelque chose, Pierre acquiert pour sa sƓur quelques images pieuses, imprimĂ©es au temps des combats. J. Rouaud, Les Champs d’honneur, 199025Il attendit pour voir si un con en treillis rirait de son esprit. Il lui aurait fait faire une petite marche de nuit, histoire de. J. Vautrin, Bloody Mary, 1979 [15] Effets de sens43Bien sĂ»r, tous les arguments ne rĂ©fĂšrent pas nĂ©cessairement Ă  des procĂšs inconsistants. Dans Frantext, la complĂ©mentation par des procĂšs Ă  la fois non intrinsĂšquement inconsistants » et non rĂ©currents, apparaĂźt dĂšs 1840 26J’ai soutirĂ© douze francs Ă  votre beau-pĂšre, les voilà
– Et comment as-tu fait ?
– Ne voulait-il pas voir les bassines et les provisions de monsieur, histoire de dĂ©couvrir le secret. Je savais bien qu’il n’y avait plus rien dans la petite cuisine ; mais je lui ai fait peur comme s’il allait voler son fils, et il m’a donnĂ© deux Ă©cus. H. Balzac, Illusions perdues, 1843.44DĂ©couvrir le secret n’est pas par lui-mĂȘme inconsistant, mais, en tant que complĂ©ment de histoire de, il est malgrĂ© tout construit par l’énonciation comme objet d’une lubie, d’un caprice, c’est-Ă -dire d’une intention bien rĂ©elle de la part du beau-pĂšre, mais dĂ©considĂ©rĂ©e par le locuteur. Les Ă©crivains ont su jouer de cette pression de la forme sur le complĂ©ment phrastique ; mais d’abord, considĂ©rons deux exemples construits qui paraissent incongrus ou particuliĂšrement cyniques 27Hitler a armĂ© l’Allemagne, histoire d’envahir l’Europe28Paul a pris des mĂ©dicaments, histoire de se suicider45Envahir l’Europe ou se suicider sont des actions ayant des consĂ©quences particuliĂšrement graves, qui ne peuvent, par consĂ©quent, ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme les objets d’une simple intention. Parmi les nombreux exemples de ce type dans Frantext, on relĂšvera 29Il en prit une, l’alluma et tira dessus comme un crapaud, histoire de salir un peu plus ses bronches A. Jardin, Bille en tĂȘte, 198646Se salir un peu plus les bronches est certes un procĂšs consistant par lui-mĂȘme, puisqu’occasionnant des effets dĂ©vastateurs ; histoire de configure ce procĂšs comme ne possĂ©dant pas de consĂ©quences notoires – d’oĂč l’effet humoristique quelque peu corrosif. Mais il y a plus, est construit ici un rapport intentionnel entre tirer dessus comme un crapaud et se salir les bronches, rapport qui n’existe pas objectivement, mais qui est le fait de l’énonciateur. De mĂȘme, dans30J’ai jetĂ© un coup d’Ɠil un peu triste sur les baraques et je me suis coltinĂ© un bidon de vingt-cinq kilos le long du chemin, histoire de me cisailler un peu les doigts Ph. Djian, 37˚2 le matin, 1985.47une relation intentionnelle incongrue est imposĂ©e par la 31Mais, avec une malice appuyĂ©e, il se disait nĂ©anmoins sĂ©duit par les mouvements en cours histoire de montrer qu’il restait jeune et de gauche J. Kristeva, Les Samourais, 199049 Montrer que l’on reste jeune et de gauche » n’est pas intrinsĂšquement sans valeur, mais est ici configurĂ© comme tel. Cette inconsistance est en fait un jugement de l’énonciateur ici le narrateur, jugement nĂ©gatif d’ailleurs anticipĂ© par avec une malice appuyĂ©e, et qui façonne l’ethos du personnage quelqu’un de puĂ©ril, sur le retour et ayant perdu ses idĂ©aux. C’est le regard du narrateur qui est ironique ici, et non pas le rapport entre l’intention de faire Y et celle de faire X comme dans 30. Le procĂšs X dans la limite d’une configuration50L’examen des procĂšs inconsistants permet donc de comprendre les effets pragmatiques de histoire de. Mais les remarques faites jusqu’à maintenant n’expliquent sans doute pas les motivations de l’emploi du mot si la notion d’expressivitĂ© est incontestablement peu objective, elle permet de rendre compte de l’impression ressentie Ă  la lecture des exemples histoire de est plus colorĂ© » que pour ; ainsi 29 comparĂ© Ă 32Il en prit une, l’alluma et tira dessus comme un crapaud, pour se salir un peu plus ses bronches ;52est bien plus expressif dans la mesure oĂč histoire de, par rapport Ă  pour en dit un peu plus ». Cette expressivitĂ© pourrait s’expliquer ainsi en Ă©tant attentif au fonctionnement nominal Legallois 2006b, on peut observer que le nom est utilisĂ© pour circonscrire un ensemble cohĂ©rent d’évĂ©nements qui ont pour seule Ă©paisseur ontologique leur participation Ă  une finalitĂ© prĂ©cise. Ils sont orientĂ©s vers une seule fin ; suivant en cela la narratologie, il est possible de dĂ©signer cette fonction par le terme de configuration. Cette configuration peut ĂȘtre un ensemble d’évĂ©nements vus comme cohĂ©sifs, toujours orientĂ© vers la rĂ©alisation d’un objet un devenir ; il s’ensuit que tout Ă©vĂ©nement de la configuration n’a pas d’autre rĂ©alitĂ© c’est-Ă -dire pas d’autres effets ailleurs que dans ce cadre. Des emplois nominaux jouent argumentativement sur cet aspect fermĂ© sur elle-mĂȘme » de l’histoire 33Ce ne sont pas tes histoires ! N’interviens pas lĂ -dedans34Tes histoires n’intĂ©ressent personne35N’aie pas peur, ce n’est qu’une histoire36Je ne crois pas Ă  ce qui vient d’arriver Ă  Paul ! C’est une histoire de fou !37Je n’entre pas dans cette histoire lĂ  dans le sens, je n’entre pas dans ces considĂ©rations / dans la combine53À chaque fois, ces expressions relativement figĂ©es, exploitent le potentiel sĂ©mantique de histoire configurer des Ă©vĂ©nements et leur refuser toute rĂ©alitĂ© en dehors de cette configuration. De mĂȘme, histoire de met en jeu cette valeur dans X, histoire de Y, le procĂšs X est dit justifiĂ© par sa seule finalitĂ©, rĂ©aliser Y » d’oĂč la valeur restrictive soulignĂ©e plus haut. Ainsi, 32, tout en possĂ©dant les mĂȘmes effets, est moins expressif que 29 car pour ne dit pas ce que dit histoire Il en prit une, l’alluma et tira dessus comme un crapaud, est conceptualisĂ© comme ensemble de procĂšs limitĂ©s Ă  un cadre / configuration, Ă  un scĂ©nario en dehors duquel cet ensemble n’aurait aucune raison d’ rĂ©capitulons ici nos observations histoire de, qui peut difficilement ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une locution en raison du comportement de de, est un connecteur apparaissant dans la littĂ©rature vers 1837 – peut-ĂȘtre comme grammaticalisation et gĂ©nĂ©ralisation d’une premiĂšre forme l’histoire de rire, mais les donnĂ©es sont trop insuffisantes pour que nous soyons affirmatifs. Son caractĂšre expressif est l’hĂ©ritage d’un emploi oral populaire. EmployĂ© systĂ©matiquement en construction dĂ©tachĂ©e, il introduit un procĂšs conçu comme une cause finale servant Ă  justifier ou Ă  expliquer le recours Ă  une action. Le point de vue exprimĂ© par histoire de est subjectif, produit par l’énonciateur et non par le rĂ©fĂ©rent du sujet conjonction sĂ©lectionne d’abord chronologiquement et statistiquement le prĂ©dicat rire, Ă  une Ă©poque oĂč apparaĂźt Ă©galement pour de rire et oĂč pour rire constitue dĂ©jĂ  une expression idiomatique. Le trait inconsistant de ce verbe et d’autres co-occurrents rĂ©vĂšle que le procĂšs X est motivĂ© par une intention simple » la rĂ©alisation de Y, et qu’il n’a pas d’autres effets en dehors de cette configuration. Ainsi, nous pouvons considĂ©rer histoire de + inf / que P comme une construction, au sens des Grammaires de Constructions [16], c’est-Ă -dire une forme phrasĂ©ologique mi-lexicale, mi-grammaticale, Ă  laquelle est inhĂ©rente une valeur sĂ©mantico-pragmatique. Notes [1] Nous verrons que la notion de locution prĂ©positive » appliquĂ©e Ă  histoire de est discutable. [2] Signalons que cet article fait suite Ă  un prĂ©cĂ©dent Legallois 2006b, dans lequel il s’agit de dĂ©terminer la sĂ©mantique du fonctionnement nominal du mot histoire, ainsi que, dans les limites d’un premier aperçu, de poser les prĂ©mices d’une analyse du connecteur. [3] Il n’y a que cinq occurrences de histoire que P dans Frantext. [4] Nous adoptons dĂ©sormais cette notation. pour indiquer que de n’est pas intĂ©grĂ©. [5] Cause finale, cause matĂ©rielle, cause efficiente et cause formelle forment la notion de αÎčÎčÎżÎœ [aition] dans la MĂ©taphysique d’Aristote. [6] Les locutions conjonctives qui servent Ă  construire les propositions finales entraĂźnent l’emploi du mode subjonctif dans la mesure oĂč elles explicitent cette intention Wagner et Pinchon 1962, § 699. [7] On devrait Ă©voquer la non-dĂ©termination de histoire, contrairement Ă  l’objectif, le but, l’intention et mĂȘme Ă  la seule fin de. [8] Hapax
 pas tout Ă  fait ! À l’heure oĂč nous bouclons, notre collĂšgue Mathilde Salles nous signale la prĂ©sence de la forme question de + inf. dans les romans de CĂ©line ; par exemple Je l’écoutais battre son cƓur, question de faire quelque chose dans la circonstance, les quelques gestes qu’on attendait CĂ©line, Voyage au bout de la nuit. AprĂšs examen sur Frantext, nous n’avons trouvĂ© ce type d’emploi – concurrent de histoire de – que chez cet auteur. [9] En plus de l’ex. 16, plus bas, mais qui apparaĂźt dans une forme non clivĂ©e. [10] Mais on imagine bien que sans numĂ©risation, la tĂąche est colossale. [11] On trouve une occurrence chez Hugo dans Actes et Paroles III. [12] 51 occurrences prĂ©sentent un dĂ©tachement frontal, place privilĂ©giĂ©e pour une portĂ©e plus grande du circonstant et une fonction d’organisation textuelle. MalgrĂ© tout, aprĂšs examen, il est difficile de dire que histoire de a une portĂ©e au-delĂ  de la phrase. [13] Le roman de SouliĂ© mentionnĂ© ci-dessous Ă  recours, Ă  lui seul, 17 fois au verbe rire. MĂȘme en pondĂ©rant, rire est de loin le prĂ©dicat le plus employĂ©. [14] On ne doit pas sous-estimer la motivation anthropologique » de la grammaticalisation de histoire. Les histoires sont souvent racontĂ©es pour rire, pour passer le temps. [15] Exemple qui contredit MĂ©lis 2003, 114 qui affirme que histoire de et Ă  cause de nĂ©cessitent obligatoirement un complĂ©ment cela est seulement exact pour Ă  cause de. On parlera, pour cet exemple, d’un complĂ©ment Ø. [16] Cf. A. Goldberg 1995, Ch. Fillmore et al. 1988 pour la construction let alone cf. E. Roussel ici mĂȘme, D. Legallois et J. François 2006a. Chaque Ă©poque a connu ses lanceurs d’alertes politiques ». L’intransigeant Georges Bernanos 1888-1948 fut de ceux-lĂ  dont les hauts faits de plume plongĂšrent dans les plaies de leur temps. ChrĂ©tien tourmentĂ© et vĂ©ritable Ă©crivain de combat, il croisa sans rĂ©pit le fer contre la bien-pensance bourgeoise, les ploutocraties dĂ©mocratiques » et les inconsĂ©quences de ses contemporains. On ne comprend absolument rien Ă  la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espĂšce de vie intĂ©rieure » Ă©crit Georges Bernanos dans son exil brĂ©silien. Il est alors l’ hĂŽte » du prĂ©sident Getulio Vargas 1882-1954, parfaite incarnation de l’homme fort » sud-amĂ©ricain qui autorise la mise en place des comitĂ©s de la France libre. Pendant ces heures les plus sombres de notre histoire », l’auteur de Sous le soleil de Satan 1926 et des Grands cimetiĂšres sous la lune 1938 entretenait l’esprit de RĂ©sistance en une vertigineuse interrogation prophĂ©tique sur l’ĂȘtre français, alors abĂźmĂ© dans les compromissions avec l’occupant. L’ancien disciple de Drumont passĂ© dans le camp des rĂ©publicains espagnols avait rĂ©pondu Ă  l’Appel du gĂ©nĂ©ral de Gaulle et quittĂ© un pays asservi, portĂ© par un inextinguible esprit de rĂ©volte, renouant, comme le rappelle François Angelier, avec un ancien et permanent dĂ©sir d’expatriation qui est un violent besoin de respirer au large, de refonder l’honneur de vivre libre sur une terre vierge ». Au-delĂ  de la barbarie nazie et de l’énigme du Mal, Bernanos ressentait la puissance dĂ©vorante d’une autre menace pesant sur l’espĂšce prĂ©sumĂ©e humaine, portĂ©e par un ennemi sans visage, aussi omniprĂ©sent qu’omnipotent » l’impĂ©rialisme technologique, le technofascisme Ă  l’oeuvre dans la mise Ă  mort industrielle de toutes les guerres modernes », celles que l’on dĂ©clare et celles dont la dĂ©vastation s’exerce insidieusement dans la parfaite Ă©conomie de toute annonce, en un sournois processus de dĂ©spiritualisation et de dĂ©possession, au moyen de diverses machines Ă  tuer l’esprit avant de broyer les corps. Lanceur d’alerte » avant la lettre et bien avant l’heure, le quĂȘteur d’absolu qui avait fait voeu de libertĂ© inconditionnelle mettait en garde contre cet asservissement machinique de l’humanitĂ© et contre l’espĂšce d’homme formatĂ© par une civilisation des machines » en roue libre La Civilisation des Machines est la civilisation de la quantitĂ© opposĂ©e Ă  celle de la qualitĂ©. Les imbĂ©ciles y dominent donc par le nombre, ils y sont le nombre ... Un monde dominĂ© par la Force est un monde abominable, mais le monde dominĂ© par le Nombre est ignoble ... Le Nombre crĂ©e une sociĂ©tĂ© Ă  son image, une sociĂ©tĂ© d’ĂȘtres non pas Ă©gaux, mais pareils... » La France contre les robots, ce pamphlet de brĂ»lante inquiĂ©tude parcouru d’espĂ©rance paraĂźt en 1946, alors que le vieux pays peine Ă  sa difficile reconstruction dĂ©mocratique. Le GĂ©nĂ©ral lui avait proposĂ© un ministĂšre, mais l’ombrageux polĂ©miste refuse honneurs , situations, portefeuilles et prĂ©bendes, prĂ©fĂ©rant l’inconfort d’une vocation – il refuse mĂȘme l’AcadĂ©mie française S’il ne me restait plus que deux fesses pour penser, alors seulement je pourrais m'asseoir Ă  l’AcadĂ©mie ». L’incorruptible doute mĂȘme de l’intransigeance du LibĂ©rateur de la France Si le GĂ©nĂ©ral avait Ă©tĂ© au bout de sa mission historique, il l’aurait relevĂ©e la France Ă  coups de trique, mais il n’a pas osĂ© prendre la trique, et d’ailleurs on ne la lui aurait pas laissĂ© prendre, on l’aurait accusĂ© de fascisme » Ă©crivait-il dans une lettre Ă  un proche. Sa confiance, il la garde pour le peuple français, ainsi qu’il l’exprime dans un article, La maladie de la dĂ©mocratie, paru dans le journal La Bataille Le peuple Ă©tait seulement Ă  mes yeux, pour la France, ce qu’est la France pour le reste des nations une derniĂšre rĂ©serve d’humanitĂ©, de substance humaine dans un monde dĂ©shumanisĂ© ». Lit-on encore Bernanos dans les chaumiĂšres, les pavillons et les palais de la RĂ©publique ? L’explorateur du Bien et du Mal Georges Bernanos naĂźt le 20 fĂ©vrier 1888 Ă  Paris, au foyer d’Emile 1854-1927, tapissier dĂ©corateur d’origine espagnole et lorraine, et de ClĂ©mence Moreau 1855-1930. Il grandit dans la foi catholique de ses parents et leurs convictions monarchistes. Georges Ă©tudie le droit Ă  l’Institut catholique de Paris, lit passionnĂ©ment Balzac 1799-1850, le pamphlĂ©taire antisĂ©mite Edouard Drumont 1844-1917 ainsi que les catholiques Ernest Hello 1828-1885 et LĂ©on Bloy 1846-1917 tout en s’activant dans les phalanges juvĂ©niles de Charles Maurras 1868-1952, la FĂ©dĂ©ration des Ă©tudiants d’Action française. Il lui arrive d’apporter des contradictions musclĂ©es Ă  des orateurs anarchistes ou rĂ©publicains - ce qui lui vaut en mars 1909 une dĂ©tention de dix jours Ă  la prison de la SantĂ© ainsi que l’opportunitĂ© de rĂ©diger son premier article. En octobre 1913, LĂ©on Daudet 1867-1942 lui offre la direction d’un hebdomadaire sommeillant, L’Avant-Garde de Normandie. Ainsi, il entre dans le cercle des dames royalistes et fait la connaissance d’une descendante de Jeanne d’Arc, Jeanne Talbert d’Arc 1893-1960, qu’il Ă©pouse en 1917. Pendant la Grande Guerre, il est agent de liaison cycliste » dans une brigade de spahis avant de rejoindre l’unitĂ© de cavalerie des 6e dragons et de se retrouver enterrĂ©, comme mitrailleur, par l’explosion d’un obus. RelevĂ© de son inhumation-Ă©clair », il est dĂ©signĂ© l’annĂ©e suivante pour figurer dans le peloton qui doit fusiller la prĂ©sumĂ©e espionne Mata Hari dans les fossĂ©s du chĂąteau de Vincennes – et se soustrait Ă  cette mission » en soudoyant un autre dragon... DĂ©goĂ»tĂ© par la France de l’aprĂšs-guerre, celle du dĂ©filĂ© de la Victoire » et des marchands de patriotisme tricolore, il fait vivre sa famille tant bien que mal comme inspecteur d’assurances Ă  la compagnie La Nationale... En avril 1923, il est opĂ©rĂ© d’urgence d’une perforation intestinale – il cumule ennuis de santĂ© et accidents de moto avec ses blessures de guerre. Il publie son premier roman, Sous le soleil de Satan, inspirĂ© par la figure du CurĂ© d’Ars, chez Plon, dans la collection Le Roseau d’or » crĂ©ee par Henri Massis et Jacques Maritain qui se donne pour mission de grouper les oeuvres les plus originales et les plus significatives des Ă©crivains qui travaillent au redressement spirituel de notre Ă©poque ». Une entrĂ©e en littĂ©rature saluĂ©e comme un coup de tonnerre » - au succĂšs critique s’ajoute le succĂšs commercial, suivi du Prix Femina pour La Joie 1929. Ses romans, peuplĂ©s de prĂȘtres et de suicidĂ©s, racontent le cheminement tortueux d’ñmes en proie Ă  la tentation du nĂ©ant, toujours Ă  un souffle du salut ou de la damnation... Les Bernanos dĂ©barquent Ă  Majorque Ă  la fin de l’étĂ© 1934, dans une Espagne rĂ©publicaine en pleine sĂ©cession. Venu prendre du repos et Ă©crire un roman » Le Journal d’un curĂ© de campagne, Prix du roman de l’AcadĂ©mie française en 1936, le catholique monarchiste entre en amitiĂ© avec la marquise Juliette de Zayas 1900-1977, impressionnĂ©e par la lecture de Sous le soleil de Satan. Son mari, le marquis Alfonso 1896-1970, militaire hors cadre en raison de ses dĂ©saccords avec la RĂ©publique » est responsable local de la Phalange. Cette amitiĂ© joue un rĂŽle dĂ©terminant dans la vision, le rĂŽle et l’engagement des Bernanos sur l’üle »... Bernanos et les siens se retrouvent en pleine zone insurrectionnelle lors du dĂ©clenchement de la guerre civile – son fils Yves 1919-1958 est membre de la Phalange. Mais les exactions franquistes dont les Ă©purations prĂ©ventives »... comme le comportement de l’Eglise espagnole le rĂ©vulsent. Le gĂ©nĂ©ral Franco 1892-1975 met sa tĂȘte Ă  prix et la famille quitte le guĂȘpier balĂ©are fin mars 1937. Dans Les Grands cimetiĂšres sous la lune, un pamphlet qu’il qualifie de tĂ©moignage d’un homme libre », il Ă©crit Je suis restĂ© Ă  Majorque aussi longtemps que j’ai pu, parce j’y regardais en face les ennemis de mon pays. Cet humble tĂ©moignage avait son prix, puisque n’ayant nulle attache avec les rouges de lĂ -bas ou d’ailleurs, connu par tous comme catholique et royaliste, j’affirmais si peu que je vaille, une France Ă©ternelle... » Depuis sa demeure brĂ©silienne de Barbacena, sise au creux de la colline Cruz des almas la Croix-des-Ames », l’ancien Camelot du roi soutient cette France libre et rĂȘvĂ©e par son talent de journaliste polĂ©miste pendant que ses fils Yves et Michel 1923-1954 rejoignent le GĂ©nĂ©ral Ă  Londres. En fĂ©vrier 1942, il reçoit un autre exilĂ© de marque, l’écrivain StĂ©fan Zweig 1881-1942 dont il apprend le suicide dans sa villa de PĂ©tropolis quatre jours aprĂšs –il aurait voulu le garder quelques jours pour rĂ©diger un appel Ă  la conscience universelle contre la barbarie nazie Il est train de mourir » dit-il alors Ă  un tĂ©moin... L’amateur averti de sports mĂ©caniques consacre les derniĂšres annĂ©es de sa vie Ă  sa grande prĂ©occupation la dĂ©spiritualisation de l’homme coĂŻncidant avec l’envahissement de la civilisation par les machines et l’état technique divinisĂ© ». Pour lui, la science a fourni les machines, la spĂ©culation les a prostituĂ©s et elle en demande toujours plus Ă  la science pour les besoins d’une entreprise qu’elle veut Ă©tendre Ă  toute la terre ». Sa vision de l’avenir ? ObĂ©issance et irresponsabilitĂ©, voilĂ  les deux mots magiques qui ouvriront demain le Paradis de la Civilisation des machines ». La guerre contre l’humanitĂ© ne s’arrĂȘte pas avec le silence des armes, ainsi que le rappelle François Angelier Cette derniĂšre a changĂ© de formes et d’enjeu dĂ©laissant le canon, elle emprunte les voies sournoises de la propagande ou le masque souriant du confort technologique dĂ©laissant les prĂ©textes idĂ©ologiques, elle devient l’offensive incessante de l’invasion technologique, anonyme, planĂ©taire et polymorphe ». Le 5 juillet 1948 Ă  Neuilly-sur-Seine, Bernanos rend Ă  la terre son corps de souffrance », Ă  l’image du curĂ© d’Ars, unissant dans ses derniers mots Jeanne, Jeanne, Ă  nous deux » son Ă©pouse et sa principale figure de dĂ©votion ». Dans le Journal d’un curĂ© de campagne 1936, il dĂ©crivait l’agonie d’un prĂȘtre rongĂ© par un cancer de l’estomac qui s’éteint en murmurant Qu’est-ce que cela fait ? Tout est grĂące ». Et relire Bernanos, ce serait quoi ? Une grĂące Ă  s’offrir comme un baume sur une plaie purulente ou une brĂ»lure insoutenable ? Producteur de l’émission Mauvais Genres » et collaborateur du Monde des Livres, François Angelier fait partager un peu de cette grĂące-lĂ  en faisant revivre ce franc-tireur d’une foi ardente mise en actes alors que l'espĂšce prĂ©sumĂ©e humaine consomme sa "dĂ©matĂ©rialisation" en "flux" sans finalitĂ©. . François Angelier, Georges Bernanos – La colĂšre et la grĂące, Seuil, 640 p., 25 €

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